éroport de New York, le 30 novembre 2009 (Photo : Emmanuel Dunand) |
[18/12/2009 17:59:39] PARIS (AFP) L’Airbus A380 a cumulé ces dernières semaines plusieurs incidents, présentés comme mineurs, mais qui écornent l’image du plus grand avion de ligne du monde, dont le premier exemplaire a été lancé il y a deux ans après des retards de production.
Depuis sa mise en service le 20 novembre dernier, l’unique appareil d’Air France a connu trois pannes: le 27 novembre, de nature informatique sur le pilote automatique, le 15 décembre, sur le circuit de carburant et la dernière, le 17 décembre, sur le système électrique.
Un porte-parole d’Air France les a qualifiées de “mineures”, insistant que le fait qu’elles “n’étaient pas liées entre elles”. Il a toutefois reconnu que le gros porteur connaissait “un taux d’incident plus élevé que la moyenne”, ce qui n’avait toutefois rien d’étonnant puisque l’avion venait d’être mis en service.
Outre Air France, Singapore Airlines, compagnie de lancement de l’A380, a fait état récemment de deux incidents: un problème de moteur le 28 septembre et une panne d’alimentation électrique dans ses cuisines le 16 décembre.
“On ne peut pas dire que l’on soit pleinement satisfait”, a reconnu un porte-parole de l’avionneur européen Airbus, “nous travaillons avec les compagnies” pour trouver des améliorations.
Comme Air France, Airbus insiste sur le fait qu’il s’agit d’un “taux admissible d’incidents, tout à fait conforme à ce que l’on a pu observer lors de la mise en service d’un nouvel avion”.
“Il y a un phénomène de surmédiatisation de l’A380”, remarque Pierre Sparaco, vice-président de l’Académie de l’Air et de l’Espace. C’est le dernier né d’Airbus, le plus grand de tous les avions passagers et par conséquent, ses débuts dans les cieux sont particulièrement suivis.
En outre, “lorsqu’un nouvel appareil entre en service, il connaît toujours des problèmes de rodage et son taux de +fiabilité+ sur les dix premiers mois est moindre que par la suite”, ajoute-t-il.
à Roissy Charles-de-Gaulle, le 20 novembre 2009. (Photo : Eric Piermont) |
“Lorsque vous avez une grande évolution technologique sur un appareil, les premiers temps sont toujours un peu difficiles. Les premières compagnies clientes bénéficient d’ailleurs d’un prix de lancement de la part du constructeur qui sait qu’elles vont essuyer les plâtres”, observe Gérard Bourgeois, secrétaire général adjoint du Syndicat national des mécaniciens au sol de l’aviation civile (SNMSAC).
Lors de la mise en service du très gros porteur de l’américain Boeing, le 747, il y a quarante ans, ce dernier avait d’ailleurs connu de nombreuses pannes de moteurs, réglées par la suite, rappelle M. Sparaco.
Selon M. Bourgeois, les incidents rencontrés par l’A380 actuellement sont “des incidents de routine”. “Tous les avions connaissent ce genre de pannes”, relativise-t-il.
Air France n’ayant pour l’instant qu’un seul paquebot des airs, elle ne possède pas encore toutes les pièces de rechange en quantité suffisante et doit parfois les commander à Airbus, ce qui ralentit les réparations.
En outre, elle ne peut pas encore remplacer son exemplaire unique par un autre A380, alors qu’elle peut le faire avec un autre modèle, si l’un d’entre eux est défectueux, relève M. Bourgeois.
M. Sparaco s’est cependant étonné de l’accumulation d’incidents récents: Airbus s’était engagé à livrer un appareil particulièrement fiable dès le départ en raison du grand nombre de passagers –525 en moyenne–, toujours plus difficile à héberger en cas de retards.