Thomson affronte ses créanciers pour une réunion cruciale

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ésident directeur général du groupe Thomson, Frédéric Rose, lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 16 juin 2009 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[21/12/2009 07:29:16] PARIS (AFP) Le groupe français Thomson, étouffé par une dette de plusieurs milliards d’euros, doit affronter lundi et mardi ses créanciers pour les convaincre d’accepter son plan de sauvegarde et éviter de dépendre uniquement du tribunal de commerce.

C’est la dernière chance du fournisseur d’équipements pour les médias, placé fin novembre sous la procédure de sauvegarde: s’il échoue à rassembler les deux-tiers de ses créanciers, ce sera au tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) d’imposer dès mercredi un plan alternatif.

En résumé, Thomson va leur proposer de transformer une partie de sa dette en capital –via une augmentation de capital– et en obligations, pour la réduire de 2,84 milliards d’euros à 1,55 milliard, soit une baisse de 45%.

Certains créanciers deviendraient alors actionnaires du groupe, et pourraient même à terme en prendre le contrôle: à l’issue de l’opération, leur participation sera comprise entre 49 et 85% du capital, selon Thomson.

Mais, malgré dix mois d’âpres négociations, l’issue des votes reste incertaine.

Trois groupes de créanciers doivent s’exprimer, des fournisseurs aux banques, en passant par les détenteurs de produits financiers extrêmement complexes que le groupe français ne connaît pas toujours, et qui n’ont parfois qu’un intérêt limité à valider son plan.

C’est d’ailleurs la raison principale qui a conduit Frédéric Rose, le patron de Thomson, à placer son groupe sous la procédure de sauvegarde.

Il s’est en effet retrouvé dans une impasse ces derniers mois, après avoir présenté un premier projet de restructuration en juillet. Peine perdue: à l’époque, la majorité des créanciers l’acceptent, mais certains refusent, ce qui invalide l’ensemble de la procédure.

Pire encore, Thomson ne parvient plus à identifier qui ils sont –une situation ubuesque causée par des mécanismes complexes, dont certains sont à l’origine de la crise financière.

La procédure de sauvegarde permet, elle, de figer une liste des créanciers et de se contenter de deux-tiers des votes pour valider un plan de restructuration de la dette.

Thomson, qui aura ensuite besoin du feu vert des actionnaires réunis en assemblée générale le 27 janvier, joue gros: si son plan est refusé, le tribunal pourra imposer le sien, et décider de rééchelonner la dette sur… 10 ans. De quoi entraver durablement le développement d’un groupe, qui a connu une véritable descente aux enfers ces dernières années après avoir été un des fleurons de l’électronique grand public.

Il rêve désormais de se rebaptiser du nom d’une de ses filiales, Technicolor, pour se concentrer sur les services pour le cinéma et la télévision, en se débarrassant d’autres activités, notamment ses filiales Grass Valley (équipements vidéos professionnels) et Screenvision (régie publicitaire pour le cinéma). Il emploie environ 23.000 salariés dans le monde.