Avec une maestria peu commune, l’illustre Chedly Ayari a saisi l’occasion d’une
tribune organisée en marge de la célébration du cinquantenaire de la Banque
nationale agricole (BNA) pour donner sa version de la nécessaire restructuration
du secteur bancaire en Tunisie.
Ancien ministre de l’Economie, professeur émérite, consultant international,
expert auprès de la
Banque mondiale, directeur de recherche, écrivain… Il sait
de quoi il parle car telle est non seulement sa compétence multiple mais aussi
sa vocation.
Des paroles de spécialiste ? Certes, mais également un effort de mener un
discours que chacun peut comprendre qui vous invite à dépasser des termes comme
‘’système pro-cyclique’’, ‘’système contra-cyclique’’, ‘’systémicité’’,
‘’régulation macro-prudentielle’’… et à vous concentrer sur une approche qu’il a
choisie directe et audacieuse.
Une vraie recette pour donner un nouveau sens, plus sain, Ã la banque et en
style télégraphique pour que ceux que la chose intéresse puissent prendre des
notes cohérentes :
– inviter les banques à se capitaliser convenablement (inversion des ratios) ;
– se faire strictes en ce qui concerne les crédits à court terme,
– éviter la situation où l’on évalue les actifs au prix du marché,
– étendre la régulation au niveau macroéconomique,
– flexibiliser les mesures discrétionnaires et non-discrétionnaires,
– créer un équilibre entre régulation et flexibilité,
– instituer une vraie transparence des banques (surtout en cas de coup dur),
– prendre en compte la notion de risque externe,
– faire en sorte que les banques ne soient pas une courroie de transmission des
chocs financiers vers l’économie réelle…
Tout cela est juste schématique, bien sûr, mais on peut en tirer, par
maturation, des règles de conduite dont notre secteur bancaire a bien besoin.