Beaucoup de spécialistes et autres experts sont d’accord pour souligner que les
pays émergents constituent une sorte de soupape de sûreté pour la croissance
économique mondiale. Et bien évidemment, le secteur bancaire n’est pas en reste.
Car, si l’on en croit le cabinet Orga Consultants, interrogé par Reuters
(Les pays émergents, réservoir de croissance pour les
banques),
‘’malgré la crise, les pays émergents restent une réserve de croissance pour le
secteur bancaire mondial et les acquisitions pourraient repartir dans ces pays
dès la fin 2010’’.
Pour étayer leurs propos, les experts du cabinet se basent sur une étude
effectuée sur 171 banques dans 22
pays émergents. Il ressort de cette enquête
que les réseaux bancaires de ces pays ont cru de 9% en 2008 en termes de
création nette d’agences, contre nulle création sur les marchés occidentaux
matures.
D’abord, Jean-Marc Velasque, directeur d’Orga Consultants et coauteur de
l’étude, estime que “ces pays, encore sous-bancarisés, restent des réservoirs de
croissance”.
Ensuite, Yoann Lhonneur, également cosignataire de l’étude et directeur d’Orga,
souligne que “l’expansion des réseaux et la recherche de création de valeur se
feront au sein des pays émergents”.
Pour les deux auteurs de l’étude pensent qu’il n’y a pas ‘’de risque de coup
d’arrêt brutal de la croissance de ces réseaux bancaires du fait de la crise et
estiment même que celle-ci pourrait créer des opportunités d’acquisitions dans
les pays émergents’’.
Cela dit, certains seraient tentés de remettre en cause la validité de l’étude
compte de la crise qui touche maintenant tous les pays, mais M. Lhonneur estime
qu’il n’en rien : “La crise qui a rattrapé les économies émergentes ne remet pas
réellement en cause notre étude car ces pays sont faiblement équipés en produits
financiers complexes”. Puis il ajoute : “Le rythme de création d’agences va se
stabiliser du fait de la crise mais il ne va pas s’arrêter pour autant.”
Son collègue Jean-Marc Velasque va plus loin pour affirmer que la crise va créer
des opportunités d’acquisitions dans les pays émergents, même s’il n’y aura pas
des grandes opérations avant fin 2010…
Pour nous résumer, disons que l’un des mérites de l’étude d’Orga Consultants,
c’est d’avoir montré qu’il y a un réel potentiel de croissance du secteur
bancaire dans les pays émergents, lequel potentiel attire de plus en plus de
banques étrangères.
Mais comme on s’y attendait, des pays émergents tels que l’Inde, le Brésil,
l’Afrique du Sud ou la Turquie se taillent la part du lion dans le palmarès des
banques “émergentes” les plus dynamiques. L’Inde, par exemple, occupe la
première place avec cinq banques indiennes, dont State Bank of India, parmi les
20 banques les plus dynamiques ; viennent ensuite la Turquie et le Brésil, avec
chacun trois établissements dans ce Top 20.
Enfin, concernant l’Afrique subsaharienne, les deux responsables d’Orga
Consultants conseillent tout simplement de prêter une attention particulière,
car leur étude montre que certains pays de la région ont un potentiel de
croissance dans la banque de détail. Ils recommandent d’observer, dans les
prochains mois, ce qui va se passer notamment dans les secteurs bancaires
nigérian, sud-africain et kenyan voire francophones.
Même si les deux co-auteurs ne citent pas notre pays, nous pensons que la
Tunisie figure parmi les pays émergents ayant un potentiel en termes de
croissance bancaire.
