Les femmes sont de plus en plus nombreuses à investir dans les secteurs de
l’agriculture et de la pêche. Une évidence : l’or vert et la production
halieutique attirent de plus en plus la gente féminine. Illustration chiffrée :
selon des statistiques fournies par l’Agence de promotion des investissements
agricoles (APIA), la moyenne annuelle d’investissement des femmes dans le
secteur agricole est passée de 6,4 MDT durant le IXe Plan (1997-2001) à 10,4 MDT
pour le Xe Plan (2002-2006) contre 2,6 MDT pendant le VIIIe Plan (1992-1996).
Elles sont quelque 2.597 femmes exploitantes agricoles à avoir investi dans
cette branche d’activité plus de 150 Md. Ces projets ont permis de créer 2.700
emplois.
Depuis 2006, l’investissement de l’élément féminin dans le secteur a gagné en
qualité. Une trentaine de techniciennes agricoles promues du supérieur ont
obtenu, dans le cadre de la restructuration des terres domaniales, des « lots
techniciens» tandis que 216 autres exploitantes agricoles ont pu contracter des
crédits fonciers pour une valeur de 12 millions de dinars. Ces crédits ont
permis d’acquérir entre autres 2.275 hectares.
Les projets agricoles
créés sont lancés en amont et en aval : cultures,
productions, conditionnement, emballage, transformation. ..
Conscientes de cette nouvelle tendance, les structures d’appui n’ont pas manqué
de lui porter l’attention requise. Tout récemment, l’Union tunisienne de
l’agriculture et de la pêche (UTAP) a réservé tout un stand à la femme
agricultrice au Salon international de l’agriculture du machinisme agricole et
de la pêche (SIAMAP, 18-22 novembre 2009). Ce stand a été, d’ailleurs, une des
plus importantes attractions et nouveautés de l’édition de cette année.
Faut-il pour autant proclamer «la femme est l’avenir de
l’agriculture
tunisienne» ? Le rêve, tout comme l’objectif, est certes beau mais les chiffres
sont, hélas, têtus. La part des femmes dans l’investissement total agricole
demeure très faible. Elle est de l’ordre de 3% seulement.
Néanmoins, pour beaucoup d’experts, cette proportion peut s’améliorer pour peu
qu’on associe à l’investissement féminin privé dans l’agriculture, les femmes
rurales qui exploitent, sans grand souci de rentabilité, «la petite
agriculture».
Cette petite agriculture familiale, que bien des experts avaient un peu trop
rapidement vouée à une irrévocable extinction, est encore bien présente un peu
partout dans le monde, quels que soient les histoires agraires particulières des
pays et les systèmes politiques qui les gouvernent.
Manifestement, elle a démontré une extraordinaire capacité d’adaptation aux
divers aléas, qu’ils soient climatiques, économiques ou politiques. Mieux, elle
est érigée, de nos jours, en exploitation pluriactive, ouverte sur l’économie de
marché et au crédit
D’où l’enjeu d’accorder tout l’intérêt à la valorisation des exploitations
rurales exploitées par la petite agricultrice rurale et à la sensibilisation de
cette femme micro-investisseur à la viabilité de sa propriété et, partant, à sa
pérennité. L’accent doit être mis sur la promotion du savoir-faire et des
qualifications des agricultrices rurales, ainsi que sur la valorisation de leurs
travaux et produits (articles d’artisanat et produits bio) à travers
l’organisation d’expositions-ventes.
Au préalable, la démarche à suivre consiste à faire de la femme rurale, en
Tunisie, un acteur déterminant dans l’approche globale du développement durable
en étant à la fois actrice et bénéficiaire. Sa contribution spécifique dans la
production et son implication dans la gestion des ressources naturelles et
environnementales la rendent directement concernée par le développement durable
et la promotion de la qualité de vie de son environnement.
Il s’agit, également, de penser avant de produire à protéger l’environnement,
d’éviter l’abattage des arbres, les pâturages anarchiques et la mauvaise gestion
des ressources naturelles (sol, eau, énergie).