En 2010, la fragile reprise n’empêchera pas une nouvelle montée du chômage

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à l’appel d’organisations de chômeurs et précaires, le 05 décembre 2009 à Paris. (Photo : Fred Dufour)

[30/12/2009 14:24:13] PARIS (AFP) Après la pire crise depuis l’après-guerre, le retour de la croissance, encore fragile, n’empêchera pas en 2010 une poursuite de la crue du chômage, revenu en tête des préoccupations des Français.

Sur l’ensemble de 2009, le produit intérieur brut (PIB) devrait afficher un recul de 2,25%. Mais, après un an de récession, l’économie est repassée dans le vert au printemps et devrait, selon l’Insee, continuer de progresser sur un rythme lent de 0,3% à 0,4% par trimestre au moins jusqu’à la mi-2010.

Le PIB a ainsi progressé de 0,3% au 3e trimestre 2009, a confirmé mardi l’Insee.

Pour l’an prochain, le Premier ministre François Fillon mise donc désormais sur une croissance comprise entre 1% et 1,5%.

Et pourtant, l’augmentation du chômage va continuer, même si son rythme devrait ralentir par rapport aux destructions d’emplois massives de 2009.

“Quand l’activité s’est effondrée, les entreprises n’ont pas entièrement répercuté cette baisse sur leurs effectifs, et du coup elles ont accumulé un retard de compétitivité”, explique le responsable de la synthèse conjoncturelle à l’Insee Benoît Heitz.

“Avec la reprise, il y a des entreprises pour qui ça repart : elles doivent d’abord restaurer leur compétitivité et donc elles embauchent peu ou pas dans un premier temps”, poursuit-il. “Mais il y a aussi des entreprises qui souffrent encore et continuent à réduire l’emploi”.

Parmi les secteurs encore à la peine, l’économiste Karine Berger, de l’assureur-crédit Euler Hermes, identifie la chimie, l’agroalimentaire, l’aéronautique, le commerce de détail et, surtout, le bâtiment.

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écembre 2009 à Paris. (Photo : Gerard Cerles)

Compte tenu de la très forte récession que vient de traverser la France, François Fillon a prévenu qu’il faudrait retrouver une croissance “entre 2% et 2,5%” pour “reconstruire de l’emploi”: le chômage continuera de progresser “au moins pendant une partie de 2010”, mais “beaucoup moins fort que ces derniers mois”.

Dès lors Nicolas Sarkozy doit, pour une grande majorité de Français, en faire le chantier prioritaire de la seconde partie de son mandat présidentiel, selon un récent sondage.

La France, qui avait enregistré son plus bas taux de chômage en 25 ans au début 2008, a connu depuis un afflux de près de 600.000 chômeurs supplémentaires en 18 mois (+29,7%), portant le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail à 2,6 millions au troisième trimestre 2009.

Malgré l’effet amortisseur de mesures comme le chômage partiel, le chômage devrait encore grimper dans les prochains mois, suivant un mouvement “un peu en tôle ondulée”, selon l’expression de la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde.

L’Insee prévoit 9,8% de chômage en France métropolitaine et 10,2% avec les départements d’Outre-mer à la mi-2010 “parce que les pertes d’emploi continueraient sur un rythme modéré et que la population active augmenterait moins fortement que sur le passé”.

Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), “la France devrait connaître une nouvelle hausse sensible du chômage en 2010, alors que la situation tend à se stabiliser dans les pays qui ont enregistré les plus fortes dégradations des conditions sur le marché du travail, tels que les Etats-Unis, l?Espagne et l?Irlande”.

Vu la faible croissance attendue, “la hausse du taux de chômage pourrait bien ne pas s’achever avant le début de 2011”, a mis en garde l’organisation.

Or l’installation du chômage dans la durée, qui risque d’augmenter le nombre de personnes basculant dans les minima sociaux, constitue une menace pour le pouvoir d’achat et, donc, pour la reprise économique.