Tunisie – Thermalisme : 30 MDT pour dynamiser le secteur

Le rapport plan de mise à niveau des unités relevant du secteur thermo minéral
en Tunisie a été présenté au cours d’une conférence organisée par l’Office de
Thermalisme, le 29 décembre 2009 à Korba. Ce rapport a été élaboré suite à une
étude réalisée par un bureau d’étude spécialisé, relevant des problématiques
majeures entravant le développement du secteur. «Un secteur sans âme» dira un
participant à la conférence, qui présente des lacunes au niveau de la qualité
des soins, la qualité du personnel et la qualité de la gestion.

Un potentiel mal exploité…

L’étude a fait ressortir plusieurs constats. Concernant les hammams, il y a
l’absence de standards. Les normes d’hygiène ne sont pas respectées, tels que la
qualité de l’eau de baignade, l’évacuation des eaux usées, l’aménagement des
locaux, etc. Au niveau de la gestion, le management, public ou privé, a rarement
une vision entrepreunariale, avec un personnel rarement formé. M. Mohamed Louzir,
le responsable du bureau d’étude, a indiqué que l’hébergement se fait sans
normes et sans contrôle puisqu’il n’est pas intégré dans le système de
classification hôtelière, «alors qu’il le devrait», ajoute-t-il.

Du côté des quatre stations thermales existantes, elles présentent quatre
problématiques différentes. Deux d’entre elles connaissent de sérieux problèmes
d’exploitation, à savoir la station de Korbous où la relation publique/privé est
ambigüe, et la station de Djerba qui est actuellement en arrêt de fonctionnement
malgré le potentiel qu’elle présente. L’étude a révélé que la capacité installée
est sous-utilisée, soit un taux de fréquentation de 39% en 2006. «Le marché,
bien qu’en croissance, reste limité par le plafonnement des remboursements par
les caisses sociales. En effet, si la demande pour les médecines douces et le
tourisme de bien-être est de plus en plus importante, l’offre ne suit pas. Il
semble même qu’elle soit majoritairement constituée par la thalassothérapie qui
se positionne aujourd’hui comme un produit de substitution très concurrentiel»,
indique le rapport.

Certains participants à la conférence ont évoqué la qualité des soins qui sont
inspirés des standards européens. «Arrêtons la contrefaçon et essayons d’offrir
des soins que le client ne trouvera pas ailleurs selon des normes et des
standards tunisiens».

Pour les centres de thermalisme, on dénonce l’absence d’animation, faisant
ressentir aux clients d’être dans un hôpital, ce qui est contraire aux
prestations de services offerts.

Pour les eaux conditionnées, le rapport souligne que c’est un secteur en forte
progression, grâce à l’augmentation de la demande, et qui a bénéficié du
Programme de mise à niveau de l’industrie. Néanmoins, on relève quelques lacunes
: arsenal réglementaire et normatif insuffisamment appliqué, un contrôle
insuffisant et une qualification du personnel pas vraiment au top.

Un investissement global de 30 millions de dinars…

Comme propositions de mise à niveau des hammams, le rapport a mis l’accent sur
la mise aux normes d’hygiène et de sécurité sanitaire et sur l’exploitation du
potentiel de chaque hammam en relation avec son historique. L’investissement est
estimé à 9,7 millions de dinars. Le chiffre d’affaires estimé est de 3 millions
de dinars par an pour un ensemble d’entrées de 3.200 par jour. Les emplois
additionnels qui permettront d’atteindre cet objectif sont au nombre de 3 à 4
personnes par hammam, dont +50% de techniciens supérieurs ou cadres de gestion.

Pour les stations thermales, la mise à niveau concernera trois stations
seulement : Korbous,
Hammam Bourguiba et Jebel Ouest. M. Louzir a signalé qu’il
est difficile de parler de mise à niveau pour la station de Djerba, nécessitant
une restructuration globale au niveau de positionnement stratégique, du
management, de l’infrastructure et des équipements. Pour Jebel Oust, il s’agit
de maintenir les services médicaux en misant sur la qualité, attirer la
clientèle classique en introduisant de nouvelles prestations périphériques aux
soins thermaux. L’investissement est estimé à 5,310 millions de dinars. Pour
Korbous, il s’agit de promouvoir les prestations «corps de métier», en
exploitant l’intégralité de la capacité installée, cibler la clientèle
«bien-être» par l’entrée en exploitation de l’unité des activités aquatiques et
l’édification d’un centre d’esthétique et cibler la clientèle libre par la mise
à niveau des unités d’hôtellerie et de restauration. L’investissement pourrait
s’élever à 618 mille dinars.

Pour
Hammam Bourguiba, la mise à niveau portera sur la consolidation des
équipements et des prestations hôtelières et de restauration, l’adaptation des
fonctionnalités de l’hôtel à une clientèle bien-être et de conférence, le
développement du complexe sportif et le renforcement de la fonction commerciale
et marketing. L’investissement est estimé à 10,162 millions de dinars.
L’application de ces dispositions permettra de générer 70 postes d’emplois. Le
chiffre d’affaires généré s’élèvera à 8 millions de dinars en 2010 pour
atteindre 17 millions de dinars à partir de 2016. Du côté de l’eau conditionnée,
la mise à niveau axe sur des mesures d’accompagnement qui viseront le
renforcement du contrôle officiel et de la formation continue mais aussi la
recherche scientifique.

Ainsi, le plan d’investissement global du secteur table sur 30 millions de
dinars dont 5,7 millions d’investissements immatériels. Selon ledit rapport, les
subventions de mise à niveau peuvent être estimées à 5,4 millions de dinars,
soit l’équivalent de 16% du montant des investissements prévus.