Medef : nouveau camouflet pour Laurence Parisot avant la bataille électorale

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ésidente du Medef Laurence Parisot, le 17 novembre 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[06/01/2010 15:50:00] PARIS (AFP) La présidente du Medef Laurence Parisot, qui briguera un second mandat dans six mois, vient d’essuyer coup sur coup deux camouflets, le départ du secteur agroalimentaire mi-décembre suivi de la démission de son directeur général.

Critiquant des défaillances “en matière de prise de décision, de management, d’organisation des rôles”, le directeur général délégué de l’organisation patronale, Jean-Charles Simon a annoncé mercredi à l’AFP avoir démissionné de ses fonctions.

M. Simon a déploré que Laurence Parisot “pense que les choses étaient bien comme ça et souhaite continuer ainsi”. Il s’est dit “conscient” que sa démission serait interprétée comme un désaveu supplémentaire pour la patronne des patrons à la veille de la campagne électorale interne.

La présidente du Medef a “pris acte” de cette décision dans un communiqué laconique, accusant Jean-Charles Simon d’avoir “mené tout seul, de bout en bout, un incident spectaculaire en réunion des directeurs mardi matin”.

Sa démission confirme l’instabilité qui entoure le poste de directeur général depuis la victoire de Laurence Parisot en 2005: Jacques Creyssel avait ainsi été licencié en juillet 2008 et son successeur, Pierre-Henri Ricaud, n’était resté que trois mois.

Jean-Charles Simon l’avait remplacé en novembre 2008, en binôme avec Hélène Molinari – qui reste elle en poste.

“Il y a beaucoup de gens qui ont du mal à travailler avec Laurence”, glisse un haut responsable du Medef sous couvert d’anonymat.

Selon ce dernier, “cette démission vient s’ajouter à une longue liste de déconvenues” pour la présidente-candidate. “Cela ne va pas contribuer à apaiser le système”, souligne-t-il, “mais je ne sais pas si ça va déclencher une vraie campagne contre Laurence”.

Pour l’instant, Laurence Parisot est quasiment seule en lice, si l’on exclut un petit patron, Thibault Lanxade, qui dresse le portrait d’un Medef “malade” et réclame un débat sur son avenir.

Mais d’éventuels challengers pourraient sortir du bois à l’approche de l’élection, qui devrait avoir lieu en juin ou juillet.

En 2005, la dirigeante de l’institut de sondages Ifop avait été soutenue par le Groupement des professions de services (GPS), nombre de banquiers, mais aussi par certaines fédérations industrielles, comme l’agroalimentaire. Cela lui avait permis de damer le pion au candidat de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) Yvon Jacob – une première dans les annales patronales.

Cette année, certains soutiens de la première heure lui feront défaut. L’Association nationale des industries alimentaires (Ania) présidée par Jean-René Buisson a claqué la porte du Medef le 17 décembre, en critiquant le coût élevé des cotisations, mais aussi une gestion “éloignée des préoccupations de crise des entreprises”.

En cause, notamment, la tendance de Laurence Parisot à mettre l’accent sur les sujets sociétaux, comme la diversité ou l’environnement.

Des critiques relayées par Alain Minc. Très proche des milieux patronaux, le conseiller officieux du président Nicolas Sarkozy a jugé fin décembre que le Medef avait été “aux abonnés absents” dans la gestion de la crise, tandis que les syndicats l’ont “cogérée” avec l’Etat.

“S’il y avait un dixième du talent de l’état-major de la CGT au Medef, les choses iraient mieux”, a-t-il lancé dans un réquisitoire sans appel à l’encontre de la hiérarchie patronale.