[07/01/2010 19:50:07] REYKJAVIK (AFP)
ésident islandais Olafur Ragnar Grimsson annonce son veto à la loi Icesave, le 5 janvier 2010 à Reykjavík (Photo : Halldor Kolbeins) |
Le président islandais a assuré que l’Islande honorerait ses engagements financiers vis-à-vis du Royaume-Uni et des Pays-Bas, tout en défendant son veto “démocratique” à l’impopulaire loi Icesave au moment où son pays risque l’isolement en pleine crise économique.
“L’idée mise en avant que nous n’allons pas honorer nos engagements est complètement fausse”, a déclaré Olafur Ragnar Grimsson, qui a convoqué mardi ses concitoyens à un référendum, attendu le 20 février, pour se prononcer sur le texte très disputé.
“La seule chose que j’ai décidée, c’est d’accorder le dernier mot au peuple islandais via un référendum qui est conforme à nos principes démocratiques fondamentaux”, a-t-il fait valoir dans un entretien à la BBC.
“Le soutien et la compréhension à la cause islandaise sont beaucoup plus importants qu’il y a 48 heures” à l’étranger, a assuré jeudi après-midi le président à la presse islandaise ajoutant, à propos du referendum, qu’entre “l’intérêt financier et la démocratie, le président doit choisir la démocratie”.
Les sondages en vue du référendum, auparavant très défavorables à Icesave, se sont équilibrés depuis le veto présidentiel, qui a entraîné la colère de Londres et La Haye, la dégradation des notes de la dette publique islandaise par des agences de notation ainsi que des réserves des bailleurs de l’Islande, les pays nordiques notamment.
La loi Icesave, adoptée à une très courte majorité par le Parlement fin décembre, est destinée à rembourser 3,8 milliards d’euros avancés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas pour indemniser plus de 320.000 de leurs citoyens lésés par la faillite de la banque islandaise.
C’est la deuxième fois seulement depuis l’indépendance du pays en 1944 qu’un président islandais bloque un texte de loi dûment adopté.
Selon le dernier sondage paru mercredi dans l’île de l’Atlantique Nord, 53% des Islandais interrogés par l’institut Capacent Gallup prévoient d’approuver la loi Icesave lors du référendum.
La veille, un sondage pour le quotidien Vidskiptabladid donnait lui 58% d’opposants au texte, une opposition qui atteignait encore 70% il y a quelques semaines.
Ruinée par l’effondrement de son système financier en octobre 2008 après des années de cocagne, l’Islande a bénéficié de prêts internationaux -en premier lieu du Fonds monétaire international et des pays nordiques- et s’est tournée vers l’Union européenne où elle a déposé une candidature d’adhésion en juillet.
Outre la colère de Londres et La Haye, l’annonce du veto présidentiel a aussi suscité des réserves à Bruxelles sur les conséquences d’un blocage sur la route européenne de l’Islande.
Mais les oppositions locales à Icesave sont fortes: les Islandais en veulent à Londres d’avoir utilisé la législation antiterroriste britannique pour geler des actifs islandais au Royaume-Uni lors de la chute de leurs banques.
Les critiques soulignent que le coût d’Icesave représente près de la moitié du Produit intérieur brut de l’île ou encore 12.000 euros par habitant et craignent que les paiements, prévus pour être étalés d’ici 2024, plombent l’Islande pour des décennies.
Dans une tribune intitulée “Pourquoi l’Islande ne veut pas payer” publiée jeudi par le Wall Street Journal Europe, Hannes Gissurarson, un ex-administrateur de la banque centrale islandaise, compare Icesave au “fardeau de la dette imposé à l’Allemagne après la première guerre mondiale”.