ée de France Inter à la Maison de la Radio à Paris. (Photo : Jean Ayissi) |
[08/01/2010 14:08:50] PARIS (AFP) Le phénomène est récent et s’accélère : les auditeurs “regardent” de plus en plus la radio depuis que les stations ont commencé à mettre en ligne des vidéos de chroniques ou d’interviews diffusées à l’antenne, afin d’attirer de nouveaux auditeurs souvent plus jeunes.
France Inter comme Europe 1 se sont lancées dans l’aventure en 2007 à l’occasion de l’élection présidentielle. La première filmait les candidats invités à faire la revue de presse matinale, la seconde, l’interview de Jean-Pierre Elkabbach recevant chaque prétendant.
Particulièrement innovatrice dans ce domaine, France Inter a engrangé en un peu plus d’un an quelque 20 millions de vidéos vues sur internet, Dailymotion compris, en 2009. Les chroniques de Stéphane Guillon font régulièrement un tabac sur la Toile, de même que l’interview de l’invité de Nicolas Demorand.
“Le but était de toucher un autre public, qui n’écoute pas forcément la radio à cette heure là. Les deux tiers des gens qui regardent nos vidéos ont entre 15 et 35 ans, mais ça ne concurrence pas du tout le média radio”, relève Emmanuel Perreau, délégué à la direction de la communication de France Inter. Au contraire, la station a drainé un public jeune qui écoute désormais en direct les chroniques le matin à la radio.
Toutes ces vidéos font le bonheur des internautes sur Dailymotion. “Avec France Inter on s’est rendu compte que nos internautes avaient un peu vieilli alors que nous avions rajeuni leurs auditeurs”, renchérit Antoine Nazaret, responsable des partenariats et contenus politique et actualité de Dailymotion.
à Paris du siège de la radio RTL. (Photo : Jacques Demarthon) |
A RTL, la stratégie est un peu différente mais payante, rtl.fr étant le premier site radio de France (2,4 millions de visiteurs uniques par mois environ). “Notre politique est de rester fidèle à notre principe de base, c’est-à-dire privilégier la force de la radio : le son représente 95% du site”, explique Jacques Esnous, directeur de l’information de RTL.
“Nous voulons nous démarquer des sites de nos confrères de la presse en général qui deviennent au fur et à mesure des sites multimédia. On ne veut pas briser la magie de la radio, la puissance de la voix par rapport à la force de l’image”, argumente-t-il.
Depuis le début de la semaine, la chronique filmée d’Eric Zemmour, le journaliste polémiste, est toutefois venue enrichir le site de la station. Cette vidéo rencontre déjà le succès, note Antoine Nazaret, avec 8.000 vues pour la plus récente sur Dailymotion. “A titre de comparaison, une bonne interview politique en vidéo fait 3 ou 4.000 vues”, ajoute-t-il.
Yves Malbrancke, fondateur de My Conseils, agence spécialisée dans le média radio, se veut plus nuancé. “Ce genre de vidéos est pour l’instant à l’état de gadget”, tempère-t-il : “Comme Médiamétrie commence à sonder les audiences des sites, chacun essaie d’y apporter des artifices supplémentaires”.
Si France Inter et RTL sont dans une logique de radio filmée, Europe 1 s’apprête à aller plus loin. Fin janvier, le nouveau site de la station proposera “de vrais petits programmes télévisuels, des produits humoristiques”, révèle Augustin Vexiau, directeur du site d’Europe1.
“Depuis début 2009, on augmente petit à petit notre catalogue de contenus filmés avec aujourd’hui une dizaine de vidéos par jour sur le site”, signale ce professionnel pour qui “les petits formats courts, percutants, décalés sont parfaitement adaptés à internet”.