à Strasbourg (Photo : Frederick Florin) |
[09/01/2010 12:26:30] PARIS (AFP) Les salariés du commerce poursuivent avec les soldes le marathon des ventes entamé avant les fêtes de fin d’année, synonyme pour eux de surcharge, d’horaires élastiques et parfois de primes, le travail du dimanche étant aussi cette année dans toutes les têtes.
Etiquetage, rangement, queues aux caisses: les tâches sont d’autant plus lourdes que “la prudence est de mise quant à d’éventuelles embauches” de CDD ou intérimaires pour ces soldes d’hiver “en raison des effets de la crise économique” sur les enseignes, observe Jean-Marc Genis, président de la fédération des enseignes de l’habillement, secteur qui emploie près de 200.000 salariés au total.
A Monoprix, la plupart des temps partiels sont cependant passés à temps plein, d’après Michel Dussaigne (FO), basé à Périgueux.
Chez le parfumeur Marionnaud, pas question de recruter alors qu’un plan de 582 suppressions de postes vient tout juste de se terminer fin décembre: “Les vendeuses se retrouvent à réceptionner les marchandises, mettre les prix, faire le ménage”, constate Florence Bourg (Unsa).
Habituellement, 10 à 15% de personnels supplémentaires sont recrutés en moyenne pour le coup de feu des soldes. “On ne veut pas rater ces cinq semaines”, souligne une employée de boutique de chaussures, qui touche une part de rémunération variable, fonction du chiffre d’affaires.
Selon Thierry Trefer (CFDT), la période est “motivante pour les salariés qui aiment leur travail, ont souvent une certaine ancienneté, notamment dans les grands magasins”.
“Le retour des consommateurs depuis mi-décembre rassure aussi les employés, après les hauts et les bas de fréquentation de 2009”, observe Claude Boule, président de l’Union du grand commerce de centre ville.
Mais pour la CGT, les soldes signifient d’abord des conditions de travail “encore plus difficiles”, juge Michèle Chay, secrétaire de la fédération du commerce, qui estime que l’affluence est plus importante qu’avant Noël et les clients “moins respectueux”.
“On commence plus tôt, on finit plus tard”, ajoute Philippe Béranger (CFDT) du Printemps Haussmann à Paris, dont les horaires d’ouverture ont été rallongés d’une heure la première semaine de soldes. Les salariés qui restent jusqu’à 21H00 récupéreront leurs heures obligatoirement en périodes creuses.
Aux Galeries Lafayette, les horaires de travail sont décalés pour assurer aux clients une amplitude plus importante…ce qui a pour effet de parfois vider les rayons de personnel en pleine journée, note la CGT.
Dans ces grands magasins, les personnels les plus vulnérables sont, selon les syndicats, ceux de la démonstration, employés par les marques elles-mêmes et qui dépasseraient allègrement en cette période les dix heures d’amplitude maximale autorisées par le Code du travail.
L’extension du travail dominical, autorisée par la loi d’août 2009 qui s’applique peu à peu, pèse aussi dans les esprits des salariés, d’après les syndicats.
Selon les zones géographiques, ils n’ont en effet pas droit aux mêmes contreparties.
Sur le boulevard Haussmann à Paris, ceux qui travaillent un des cinq dimanches actuellement autorisés par an – volontaires payés double et bénéficiant d’un repos compensateur – risquent de perdre ces avantages si le secteur est classé zone touristique, le travail dominical devenant la règle.
“Cette menace contribue à la morosité des salariés, souvent des smicards. Au Printemps, à l’instar d’autres magasins, ils n’auront pas d’augmentation générale en 2010, pour la première fois”, au motif de la crise, précise la CFDT.