[13/01/2010 14:13:41] WASHINGTON (AFP)
à la Bourse de New York, le 24 juillet 2009. (Photo : Chris Hondros) |
Les pouvoirs publics américains s’agitent contre les banques en ce début d’année, avant l’ouverture d’une “saison des bonus” qui s’annonce exceptionnelle et devrait indigner l’opinion publique.
JPMorgan doit publier vendredi ses résultats annuels et donner le coup d’envoi formel de cette saison qui verra les grandes banques américaines révéler le montant des primes annuelles attribuées à leurs employés.
Selon le New York Times, elles “se préparent à verser des bonus qui rivaliseront avec ceux des années fastes d’avant la crise”.
Championne toute catégorie, Goldman Sachs “devrait verser en moyenne 595.000 dollars à chacun de ses salariés pour 2009, une des années les plus rentables de son histoire de 141 ans”, ajoute le journal.
Cette banque a annoncé que ses trente dirigeants les mieux payés ne toucheraient aucune prime en numéraire, et tout en actions, et certains patrons de concurrentes ont renoncé à leur bonus. Mais cela ne devrait pas calmer la colère des Américains, qui ont sauvé les grandes banques de la faillite par leurs impôts et restent aux prises avec une conjoncture économique difficile.
Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner est empêtré dans une histoire ayant trait à son rôle présumé dans la rescousse de l’assureur AIG, opération emblématique qui, comme le sauvetage des banques, continue de scandaliser l’opinion. Mais les pouvoirs publics multiplient les annonces.
étaire américain au Trésor Timothy Geithner le 12 novembre 2009 à Singapour (Photo : Adek Berry) |
Un haut responsable a indiqué lundi que le président Barack Obama n’excluait pas de taxer davantage les banques qui ont été sauvées de la faillite par l’Etat afin de récupérer l’intégralité des sommes avancées par les contribuables.
Mardi, c’est la FDIC, la Compagnie d’assurance des dépôts bancaires américaine, qui a indiqué envisager de relever la prime d’assurance des banques pour tenir compte des “risques” posés par leur politique de rémunération.
Hasard du calendrier ou pas, la banque centrale (Fed) a confirmé mardi l’entrée en vigueur au 22 février de nouvelles règles durcissant la réglementation des cartes de crédit, afin de mieux protéger les consommateurs contre les abus des sociétés financières.
Les pays riches et émergents du Groupe des Vingt (G20), forum auquel participent les Etats-Unis, ont identifié la politique de rémunération des grandes banques comme étant l’une des causes de la crise financière. Pour eux, elle a incité à une prise de risque excessive par l’intermédiaire du versement de primes, souvent exorbitantes, sur la base des résultats individuels à court terme.
Les pays du G20 se sont engagés à lutter contre ces “excès qui ont conduit à la crise”, mais sur la question des bonus et des rémunérations dans la banque, les Etats-Unis ont moins avancé que l’Europe, dont plusieurs pays ont déjà inscrit des réformes dans la loi.
La FDIC, qui est l’une des agences chargées de la régulation bancaire aux Etats-Unis, a indiqué que son nouveau projet devait inciter les banques à adopter des pratiques de rémunération plus saines.
Elle a cependant précisé, comme le gouvernement le rappelle régulièrement, qu’il n’est pas question de “limiter le niveau de la rémunération versée aux employés”.
“Quand il s’agit des banques, Barack Obama parle haut mais agit peu”, estime Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland, regrettant que les autorités n’utilisent pas les moyens dont elles disposent pour faire cesser la “folie” du système.