La sous-évaluation du yuan agace de plus en plus aux USA et en Europe

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çant de Hong Kong le 2 janvier 2010 (Photo : Antony Dickson)

[13/01/2010 11:02:55] WASHINGTON (AFP) La sous-évaluation du yuan, qui selon les principaux partenaires commerciaux de la Chine a grandement aidé le pays à devenir le premier exportateur mondial, agace de plus en plus aux Etats-Unis et en Europe.

Pékin reste sourd aux appels venus de nombreuses capitales de laisser sa monnaie s’apprécier, un processus vu comme naturel pour une économie en plus forte croissance que le reste du monde.

“Je pense que la Chine est plus vulnérable à la crise sur sa politique de taux de change maintenant que dans un passé récent”, souligne Nicholas Lardy, professeur d’économie spécialiste de la Chine, et expert au Peterson Institute de Washington.

Selon lui, les inquiétudes sur la politique de la Chine “sont réelles” et “on a plus d’arguments aujourd’hui pour dire que sa reprise s’est fondée, au moins en partie, sur l’idée de faire peser un coût sur les autres en permettant au taux de change de se déprécier”.

Aux Etats-Unis, pays dont le déficit commercial avec la Chine a dépassé les 208 milliards de dollars sur les onze premiers mois de l’année, le sujet est en permanence débattu par les économistes.

“Le Congrès a été anormalement sage, mais la patience s’amenuise à Washington et partout”, affirmait mardi le New York Times dans un éditorial au ton accusateur. Des parlementaires des deux partis ont écrit au président Barack Obama en novembre pour lui demander d’intervenir face à la “manipulation” du yuan.

Le quotidien a accusé Pékin d’être “en train d’exacerber la faiblesse de l’économie dans le monde” et de pousser certains pays “à user la dernière arme dont ils disposent, le protectionnisme, pour arrêter l’invasion de produits chinois au prix artificiellement bas”.

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économie 2008 Paul Krugman, le 22 mai 2009 à Hong Kong (Photo : Mike Clarke)

Le prix Nobel d’économie Paul Krugman a estimé dans les colonnes du journal que les politiques de changes et de contrôle des capitaux de Pékin avaient causé “la perte de 1,4 millions d’emplois aux Etats-Unis”.

L’Europe aussi pense avoir vu des millions de ses emplois industriels s’envoler vers la Chine.

Le nouveau commissaire européen désigné au Commerce, le Belge Karel De Gucht, a dénoncé mardi avec vigueur la politique de la Chine.

“Il est clair que la sous-évaluation de la monnaie chinoise constitue un problème majeur” et “il est clair à mes yeux qu’il s’agit d’une politique délibérée”, a-t-il déclaré à la presse, après une audition devant le Parlement européen, qui doit approuver ou rejeter sa nomination.

M. De Gucht, vu comme un libéral habitué aux déclarations fracassantes, ne fait que traduire une opinion très répandue sur le continent.

Néanmoins, les moyens d’action sont très limités. Américains et Européens ont jadis fondé un espoir sur une procédure d’avertissement aux pays maintenant un cours artificiellement bas pour leur monnaie au sein du Fonds monétaire international.

Mais le FMI a beau dire de temps à autre que le yuan est “considérablement sous-évalué”, Pékin campe sur ses positions. “Les pressions sur le yuan pour qu’il s’apprécie sont de plus en plus fortes… mais nous ne cèderons pas”, déclarait le premier ministre Wen Jiabao à l’agence Chine Nouvelle fin décembre.