L’audit du CCE d’Air France révélant 15 millions d’euros de déficits depuis 2005 fait des vagues

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Un Airbus A380 en vol (Photo : Airbus/Gousse)

[13/01/2010 19:03:30] PARIS (AFP) L’audit du comité central d’entreprise (CCE) d’Air France, qui met au jour un déficit budgétaire cumulé de 15 millions d’euros depuis 2005, continue de faire des remous dans la compagnie aérienne et parmi les syndicats de l’entreprise.

Le rapport, que s’est procuré mercredi l’AFP, relève “une trésorerie structurellement déficitaire retrouvant l’équilibre qu’au travers de versements exceptionnels d’Air France” et “une absence de maîtrise des effectifs et de la masse salariale entre 2003 et 2008”, le CCE comptant aujourd’hui près de 300 salariés.

Air France verse chaque année à cette instance pour ses activités sociales et culturelles 3,11% de la masse salariale, soit quelque 45 M EUR en 2009.

L’audit avait été commandé en septembre par l’ensemble des syndicats y compris la CFDT, dont la gestion avec la CFE-CGC et FO du CCE entre mars 2007 et fin 2009 est mise en cause.

“Des dépenses à vocation personnelle prises en charge par le CCE” sont pointées dans l’audit, comme des frais de nourrice et des contraventions.

En outre, “certaines dépenses engagées peuvent prêter à interprétation”, comme l’achat de 1.000 draps de bains destinés à être revendus dans les centres de vacances pour 28.173 euros, l’organisation de soirées sur les bateaux parisiens, de cocktails ou encore l’acquisition de deux places pour la finale du Top 14 de rugby en 2009 pour 418 euros.

Les auditeurs préconisent “un plan d’actions à court terme et une réflexion stratégique”, jugeant que “la pérennité de la structure” est menacée.

Les salariés du CCE s’inquiètent de possibles suppressions d’emplois, l’audit suggérant des “économies”. Les personnels ne doivent être “ni boucs émissaires, ni otages” et n’ont pas à “payer l’addition”, s’est exclamée mercredi la CGT.

Mardi soir, les élus du CCE ont adopté à une courte majorité une motion a minima, prenant “acte” des conclusions du rapport et affirmant “leur volonté de résoudre les problèmes de financement et de trésorerie du CCE”.

Ils ont écarté un éventuel dépôt de plainte car, selon eux, il n’y a “aucune preuve d’enrichissement personnel”. Une source syndicale a souligné à l’AFP que “la plupart des syndicats ont été impliqués dans la gestion passée ou récente”.

Le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, avait répété mardi que “s’il y a délit, la justice sera saisie”.

Les syndicats ont commencé à diffuser mercredi aux 63.000 agents d’Air France la synthèse de l’audit, en les rassurant aussi sur le maintien de leurs réservations de vacances organisées par le CCE.

Des décisions devraient être prises lors de la prochaine réunion du CCE, le 21 janvier.

La CGT penche pour une gestion par une intersyndicale, la CFTC pour un administrateur professionnel et FO pour une intervention d’Air France, qui pourrait déléguer un expert.

La direction d’Air France, tout en soulignant que le CCE est “un organisme indépendant”, a indiqué mercredi qu’elle “apporterait si nécessaire et sous les formes appropriées son assistance”.

Les syndicats s’accordent sur la nécessité de nouvelles “bases saines”. Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) pousse même pour l’abandon du modèle des villages-vacances maison, un “lourd patrimoine” : le CCE en possède 17 pour enfants et 11 pour adultes dont 4 dans les DOM.

“Les gens veulent aujourd’hui que l’on subventionne les vacances qu’ils choisissent”, d’après le SNPL, qui a mis cette politique en oeuvre dans le comité d’établissement des navigants (CE chapeauté par le CCE). Ce dernier a pris son autonomie en 2005, ce qui est stigmatisé par d’autres syndicats.