éputés, le 13 janvier 2010 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[13/01/2010 21:46:37] BRUXELLES (AFP) Le Français Michel Barnier, appelé à chapeauter les services financiers dans la future Commission européenne, a promis mercredi de continuer à réguler le secteur, tout en tentant de rassurer les Britanniques qui s’inquiètent pour la City de Londres.
“Nous devons tirer les leçons de la crise, et nous allons les tirer”, a-t-il affirmé lors de son “examen de passage” devant les eurodéputés, en réponse à un élu britannique l’accusant de vouloir “tuer la poule aux oeufs d’or” de la City, première place financière d’Europe, en régulant à outrance.
“Il faut inverser la tendance, dans l’intérêt même de l’industrie financière”, a souligné le Français qui était, comme les autres commissaires désignés, auditionné par le Parlement pour vérifier ses aptitudes pour le poste.
“L’industrie financière, à Londres comme ailleurs, doit comprendre que son avantage est d’être sur un continent où on a bâti de bonnes règles”, a-t-il dit.
“Je n’ai pas envie que nous provoquions le départ ou l’affaiblissement de cette industrie dont nous avons besoin”, a-t-il cependant ajouté en promettant “une régulation intelligente”.
“Mais nous allons réformer”, a-t-il prévenu, “nous avons besoin de cette régulation.”
Le Français s’était retrouvé sur la défensive dès sa nomination.
Alors que son prédécesseur, l’ultralibéral irlandais Charlie McCreevy chantre de l’autorégulation, a été critiqué pour son laxisme, Michel Barnier entend poursuivre les réformes entreprises pour empêcher de nouvelles dérives du secteur financier.
Il s’est dans le même temps employé à rassurer les Britanniques qui craignent une offensive française en faveur d’une régulation stricte du secteur financier dangereuse pour la City, surtout depuis que le président français Nicolas Sarkozy a vu un “triomphe” de la régulation à la française dans la nomination de M. Barnier.
“N’ayez aucun doute: je ne prendrai mes ordres ni à Paris, ni à Londres”, a affirmé Michel Barnier. “Ma feuille de route, c’est celle du G20”, le forum des principales puissances économiques mondiales qui a entrepris de définir des règles de bonne conduite pour la finance mondiale.
Michel Barnier a énuméré une série de secteurs à réguler, comme les ventes à découvert, accusées de nourrir une spéculation effrénée sur les marchés, ou encore les produits dérivés, qu'”il faut normaliser”, surtout ceux sur les matières premières, agricoles en particulier.
“Actuellement, 80% à 85% des produits dérivés échappent à tout contrôle, progressivement il va falloir inverser les proportions”, a-t-il dit.
Il a aussi annoncé une révision “à la fin de cette année” des règles européennes sur les fonds propres des banques et assuré vouloir défendre les petits épargnants.
Autre rupture avec son prédécesseur, le Français, qui sera aussi en charge du Marché intérieur européen, a promis de redonner à celui-ci “une dimension humaine et sociale”, notamment à travers “la lutte contre le dumping social”.
“Je n’ai pas l’intention d’attacher mon nom et mon action à ce qui pourrait provoquer des régressions sociales”, a-t-il assuré.
L’eurodéputé vert français Pascal Canfin a salué “une rupture par rapport à son prédécesseur” irlandais.
“Il y a aujourd’hui clairement une vision différente de celle portée par M. (Charlie) McCreevy, à laquelle on a envie d’adhérer. Mais on sera attentif à ce que ça ne soit pas que des mots et que ça se traduise par des actes”, a-t-il dit.
L’eurodéputée socialiste allemande Evelyne Gebhardt a salué pour sa part “un commissaire européen qui a une vision européenne, et ça fait du bien”, a-t-elle résumé.