Des passages au compte-gouttes, de vrais chasseurs de têtes qui ne veulent que
la crème des crèmes, des conditions draconiennes… Les attributs ne manquent pas
pour décrire la situation difficile de l’immigration. Une porte qui reste très
légèrement entrebâillée pour ne laisser passer qu’un petit rai de lumière, à tel
point que l’on se demande si elle va finir par être complètement scellée,
imperméable à tout mouvement !
Un sujet chaud pour l’emploi, comme chacun le sait, et c’est pour cela que M.
Slim Tlatli, ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle des jeunes,
a saisi l’occasion de la Conférence sur l’emploi et l’immigration organisée par
son ministère conjointement avec la Banque mondiale pour chasser le brouillard
et donner une image lucide de la situation.
Pour lui, l’argument démographique garde tout son poids : ‘’Les projections
démographiques et celles de la population active indiquent que l’Europe est
appelée à connaître des déficits très importants en main-d’œuvre au cours des
prochaines décennies atteignant 66 millions d’actifs à l’horizon 2050. Ces
déficits, qui concerneraient tous les secteurs d’activité et tous les niveaux de
qualification, restent très élevés quelles que soient les mesures que les pays
peuvent entreprendre en matière d’allongement de la durée de travail,
d’augmentation des taux d’activité et au niveau des politiques natalistes’’
De l’autre côté du raisonnement, en Tunisie, par exemple, les pressions sur le
marché de l’emploi devraient se maintenir à un niveau élevé même si les
projections à l’horizon 2025 indiquent que la demande additionnelle d’emploi va
décroître. Et, de ce point de vue, l’avenir milite pour la mise en œuvre d’une
politique migratoire en tant que composante à part entière de la politique de
l’emploi, et même davantage d’une politique de développement équilibrée entre
les deux rives de la Méditerranée.
Pourtant, avant la préparation d’un avenir où les flux migratoires seraient
finalement fluides, où l’on parlerait de gestion concertée de ces flux, où l’on
conjuguerait les efforts de formation des compétences… il faut être lucide quant
à la réalité des choses faite de grands ultimatums :
– placer nos qualifications au niveau des standards internationaux pour
faciliter l’insertion sur le marché international du travail ;
– développer la reconnaissance mutuelle des diplômes et donner une dimension
internationale à la relation avec le monde professionnel, les partenariats avec
les établissements d’enseignement supérieur et professionnel d’Europe ;
– en amont, conférer aux futurs migrants une bonne formation linguistique et une
bonne préparation au cadre social et culturel du pays d’accueil.