BCE : taux en hibernation, de nombreux dangers guettent la zone euro

photo_1263453407120-1-1.jpg
ésident de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le 3 décembre 2009 à Francfort (Photo : Thomas Lohnes)

[14/01/2010 07:18:06] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux inchangés jeudi, alors que les épouvantails de la rareté du crédit, de la hausse du chômage et des déficits publics corsètent la reprise en zone euro.

Lors de sa première réunion de politique monétaire de l’année jeudi, le conseil des gouverneurs va décider de garder le principal taux directeur à 1%, son plus bas niveau historique auquel il stagne depuis mai dernier, de l’avis unanime des marchés et des économistes.

La politique monétaire de la BCE “devrait rester une politique de soutien fort pour très longtemps”, estime Jennifer McKeown de Capital Economics.

Le précédent rendez-vous des gouverneurs début décembre avait été marqué par l’annonce du retrait progressif des mesures non conventionnelles mises en place par la BCE depuis l’intensification de la crise financière à l’automne 2008, comme les opérations de refinancement sur un an et six mois.

Mais son président français, Jean-Claude Trichet, avait soutenu qu’il ne fallait en aucun cas y voir un tournant de la politique monétaire de l’institution.

“La BCE ne va probablement pas songer à relever ses taux avant qu’un changement de cap dans le prêt au secteur privé ne se dessine”, affirme l’économiste Michael Schubert de Commerzbank.

Or cela ne semble pas s’annoncer de sitôt: les crédits des banques aux entreprises de la zone euro ont en effet accusé en novembre leur troisième baisse consécutive en reculant de 0,7%, faisant à peine mieux qu’en octobre (-0,8%). Mais un retour solide de la croissance ne peut s’opérer sans investissements conséquents.

D’autre part la faiblesse persistante de la consommation des ménages, qui a ralenti de 1,2% en novembre sur un mois et de 4% sur un an dans la zone, amincit l’espoir d’un soutien de la croissance par la demande intérieure.

Le chômage, l’un des principaux freins à la consommation, a d’ailleurs atteint en novembre le seuil symbolique de 10%, son plus haut niveau depuis la création de la zone euro en 1999, selon les dernières données de l’office européen des statistiques Eurostat.

La BCE prévoit certes une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 0,8% en zone euro pour cette année, selon sa dernière estimation exprimée le mois dernier. Elle tablait seulement sur +0,2% encore en septembre.

Mais ce chiffre masque de profondes disparités entre les économies nationales, qui ne cessent d’inquiéter et qui risquent de provoquer ce que le Wall Street Journal appelle un “gros mal de tête” pour la BCE.

Peu de points communs en effet entre, par exemple, l’Allemagne regonflée par ses exportations d’un côté et le marasme de la Grèce, de l’Espagne ou de l’Irlande de l’autre.

Le processus de reprise s’annonce “inégal” et soumis à “des incertitudes élevées”, avait prévenu M. Trichet en décembre.

Nulle pression en revanche ne semble causée par l’inflation pour le moment, dont la faiblesse offre une marge confortable à la BCE pour poursuivre sa politique d’argent pas cher aux banques, pour aider celles-ci à relancer la machine du crédit.

La hausse des prix a tout de même atteint son plus haut niveau depuis 10 mois le mois dernier, en hausse de 0,9% sur un an. Mais Jürgen Stark, membre du conseil des gouverneurs, a estimé cette semaine dans la presse italienne qu’il ne voyait pas de risque pour la stabilité des prix “d’ici fin 2011”.