A400M : les pays clients réunis à Londres pour se concerter sur le surcoût

[14/01/2010 23:17:30] LONDRES (AFP)

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ésentation à Séville, le 12 janvier 2010 (Photo : Eric Piermont)

Les pays européens acheteurs de l’avion de transport militaire d’Airbus, l’A400M, étaient réunis jeudi à Londres pour se concerter sur le partage de l’énorme surcoût du programme que le constructeur a menacé d’abandonner s’ils ne remettaient pas de l’argent au pot.

Les Etats participants devaient aplanir leurs divergences, entre une France qui s’est dite prête à “tout faire” pour sauver l’avion et une Allemagne qui n’entend pas “se laisser bousculer”.

La réunion à huis clos, organisée par le ministère britannique de la Défense, le MoD, a commencé en début d’après-midi. Elle devrait s’achever en début de soirée, a indiqué à l’AFP un porte-parole du MoD.

Elle rassemble des représentants de l’Allemagne, de la France, de l’Espagne, du Royaume-Uni, de la Belgique, du Luxembourg et de la Turquie, qui ont commandé au total 180 exemplaires de l’avion-cargo à Airbus, filiale du groupe européen EADS.

Airbus et EADS n’ont pas été conviés.

Les sept Etats s’étaient engagés en 2003 à acquérir les appareils pour 20 milliards d’euros. Or, le coût du développement de l’A400M, qui a pris trois ans de retard, a explosé au fil des ans. Selon les sources, le trou pourrait atteindre jusqu’à 11 milliards d’euros.

EADS a fait monter la pression cette semaine, plaidant que la poursuite du programme mettait en péril sa rentabilité, et qu’il était hors de question de l’achever sans que les clients remettent au pot.

Mardi, son patron Louis Gallois les a appelés solennellement à assumer leur part du fardeau, et à conclure un accord d’ici la fin du mois, alors que le groupe a déjà provisionné une charge de 2,4 milliards d’euros liée au retard du programme.

EADS dit dépenser plus d’une centaine de millions d’euros par mois dans cet appareil, alors qu’il doit parallèlement financer la montée en puissance délicate de la production du très gros porteur A380, et le développement du moyen-courrier A350.

L’A400M est un appareil voulu par les membres européens de l’OTAN, qui souhaitaient disposer d’une flotte harmonisée d’avions-cargo, capables de transporter troupes et blindés légers. Ils avaient également exigé un moteur de fabrication européenne, construit par un consortium tripartite, compliquant ainsi le développement de l’avion.

Ainsi priés de mettre la main au portefeuille, les Européens ont réagi de manière diverse.

L’Allemagne, premier client de l’avion (60 appareils achetés, contre 50 pour la France, 27 pour l’Espagne et 25 pour le Royaume-Uni), traîne le plus des pieds. Le gouvernement allemand a assuré mercredi qu’il ne se laisserait pas “bousculer”, même si Howard Wheeldon, analyste chez BGC Partners, se disait assez optimiste sur la possibilité d’un accord d’ici la fin du mois.

Le Royaume-Uni a quant à lui réaffirmé son soutien au programme, mais “pas à n’importe quel prix”, alors que ses finances sont exsangues et que plusieurs de ses programmes d’équipement militaire semblent sur la sellette.

Au contraire, le ministre français de la Défense Hervé Morin est monté au créneau, affirmant mercredi que la France “ferait tout pour sauver” le programme, dont l’avenir inquiète les syndicats d’Airbus. Jeudi, il a assuré au micro de la radio RFI que la France était prête à partager le surcoût, précisant que les négociations actuelles portaient sur une somme de 5 milliards d’euros.

“Le fait de supporter une partie des surcoûts ne me dérange pas parce que je pense que ce programme est un programme magnifique”, et ils doivent être “partagés entre les pays et le constructeur”, a-t-il dit.

L’Espagne, qui a hérité de la ligne d’assemblage de l’avion, à Séville, s’est également montrée préoccupée. La ministre espagnole de la Défense, Carme Chacon, a jugé “impossible que nous ne soyons pas capables de faire aboutir ce projet”, et plaidé en faveur d’un accord “raisonnable”, tout en appelant Airbus à faire preuve de “générosité”.