L’affaire Google, nouveau sujet de frictions entre Pékin et Washington

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à Pékin du génat de l’internet Google le 14 janvier 2010 (Photo : Liu Jin)

[15/01/2010 10:54:37] PEKIN (AFP) Pékin a assuré vendredi que l’affaire Google n’aurait aucun impact sur ses relations commerciales et économiques avec les Etats-Unis, néanmoins la menace du moteur de recherches américain de quitter la Chine constitue un nouveau sujet de tension dans les relations sino-américaines.

“Quelle que soit la décision que prendra Google, cela n’aura pas d’impact sur les relations commerciales et économiques d’ensemble entre la Chine et les Etats-Unis”, a assuré le porte-parole du ministère du Commerce Yao Jian.

“Les deux pays ont des canaux de communications multiples. Nous avons confiance dans le développement sain des relations économiques et commerciales entre la Chine et les Etats-Unis”, a-t-il ajouté devant la presse.

Excédé par des attaques informatiques massives “venant de Chine”, ciblant des militants des droits de l’Homme, le géant de l’internet a menacé mardi de cesser toute opération dans le pays asiatique, l’un des plus grands marchés numériques au monde, avec 384 millions d’internautes selon des chiffres publiés vendredi, mais sous étroite surveillance politique.

L’affaire s’ajoute aux frictions récurrentes entre les deux grandes puissances du XXIe siècle, après une première visite décevante pour les deux pays du président Barack Obama en Chine en novembre et un sommet de Copenhague en décembre marqué par la rivalité entre Pékin et Washington, les deux plus grands pollueurs de la planète.

Accusations de Washington sur le taux du yuan jugé surévalué et conflits commerciaux portés devant l’Organisation mondiale du Commerce ont également pesé sur les relations bilatérales ces derniers mois.

“C’est inévitable, cela aura un certain impact sur les relations sino-américaines”, juge Li Qingsi, professeur de relations internationales à l’Université Renmin de Pékin. “Les conflits impliquant des entreprises chinoises aux Etats-Unis ou vice versa affectent certainement les relations bilatérales”, ajoute-t-il.

Pour Russell Leigh Moses, analyste politique basé à Pékin, l’affaire Google est une “petite bourrasque dans la tempête beaucoup plus large symbolisant la manière dont la Chine traite avec les Etats-Unis”. “C’est plus une indication que ce qui sépare les deux parties est +philosophique+ et combien il est difficile de résoudre les conflits de manière concrète”, estime-t-il.

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à côté des bureaux de Google à Pékin le 15 janvier 2010 (Photo : Liu Jin)

Un haut responsable du département d’Etat américain a demandé jeudi à Washington des “explications” à des diplomates chinois sur l’affaire Google. La Maison Blanche a indiqué soutenir la décision de Google de ne plus se soumettre à la censure de la Chine sur internet.

Enfin, des élus du Congrès américain entendent profiter de l’incident pour mettre en avant un projet de loi qui interdirait aux entreprises américaines de l’internet de stocker les données personnelles de leurs utilisateurs dans les pays qui répriment la liberté d’expression.

“Google a libéré un vent d’espoir dans le coeur de millions de Chinois”, a estimé jeudi le représentant républicain Chris Smith, le principal auteur du projet de loi.

Jusqu’à présent, les grandes sociétés américaines de l’internet, Yahoo et Google, s’étaient pliées aux demandes des autorités chinoises pour entrer sur le marché asiatique, s’attirant les critiques des organisations des droits de l’Homme.

Le porte-parole du ministère chinois du Commerce Yao Jian a jugé vendredi que les entreprises étrangères devaient “respecter les lois, l’intérêt public, la culture et les traditions des pays hôtes”. “La Chine passe d’une économie planifiée traditionnelle à une économie de marché. La stabilité et le développement sont nos priorités actuellement”, a-t-il lancé.