Délocalisation de Renault en Turquie : le dernier mot à Nicolas Sarkozy

[15/01/2010 21:58:05] PARIS (AFP)

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à l’issue de son entretien avec le directeur général du constructeur automobile français Renault, Patrick Pelata, le 13 janvier 2010 à Paris. (Photo : Francois Guillot)

Le dernier mot devrait revenir samedi à Nicolas Sarkozy à propos d’une possible délocalisation en Turquie d’un modèle de la firme automobile Renault, un dossier qui provoque de nouvelles tensions entre la France et la Commission européenne.

“Ça se décidera lors d’un entretien samedi avec le président de la République (Nicolas Sarkozy) et le président de Renault” Carlos Ghosn, a signifié vendredi le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi.

Le groupe français, détenu à hauteur de 15,01% par l’Etat, assure n’avoir pas encore tranché concernant le lieu de la production de la nouvelle génération des Renault Clio, la Clio IV, prévue pour 2013.

Mais le gouvernement français l’a fermement mis en garde contre l’éventualité d’un déplacement de l’intégralité de la production sur son site turc de Bursa, alors que les actuelles Clio sont fabriquées en Turquie et dans d’autres usines Renault, en particulier celle de Flins, en région parisienne.

“Nous ne mettons pas tant d’argent pour soutenir nos pour que la totalité des usines s’en aillent à l’extérieur”, a déclaré mercredi Nicolas Sarkozy, dans une allusion au soutien financier apporté par la France à ses constructeurs automobiles pendant la crise.

Le gouvernement “ne laissera pas la Clio IV être produite en Turquie”, a prévenu mardi M. Estrosi devant les députés. “La Renault sera produite en France pour être vendue en France”, a-il dit.

Chez Renault, on réaffirme que l’avenir du site de Flins est garanti et qu’aucun licenciement n’est prévu. Flins sera consacré à la fabrication de la berline électrique Zoe, qui commencera en septembre 2011.

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érence de presse à Flins, le 5 novembre 2009 (Photo : Fred Dufour)

Carlos Ghosn avait déclaré début novembre, à l’époque du lancement du projet véhicule électrique à Flins, que l’assemblage des Clio y serait maintenu “jusqu’au moment où la voiture électrique et les batteries prendront complètement le relais”.

Souvent accusée de tentation protectionniste, la France s’est attiré sur ce dossier une ferme mise en garde de la Commission européenne, gardienne des traités et des règles de saine concurrence entre les entreprises en Europe.

“Notre inquiétude se fonde sur des déclarations de M. Estrosi qui a dit que lorsqu’une voiture française est destinée à être vendue en France, elle doit être produite en France”, a déclaré vendredi un porte-parole de la Commission européenne, Jonathan Todd.

“Clairement, il pourrait y avoir une contradiction avec des engagements pris par le prédécesseur de M. Estrosi, Luc Chatel”, qui avait promis que “le soutien financier du gouvernement français à l’industrie automobile n’était pas lié au choix du lieu de production des voitures”, a-t-il expliqué.

Ces engagements avaient été pris par la France, au moment de l’octroi de prêts à taux préférentiels de trois milliards d’euros chacun aux deux grands constructeurs nationaux, Renault et PSA Peugeot Citroën. En contrepartie de ce soutien, les deux groupes avaient donné des assurances sur un maintien de la production en France.

“Rien, dans les engagements souscrits, n’interdit à l’Etat actionnaire d’échanger (des discussions) avec la direction de Renault sur la stratégie de l’entreprise et de marquer son souhait de voir un véhicule destiné au marché européen produit dans l’UE”, a répliqué le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche.

Pour Renault, l’argument du différentiel de coût entre un véhicule fabriqué en France et en Turquie ne peut être balayé. Le directeur commercial Jérôme Stoll a fait valoir jeudi que la production devait “tenir compte de la concurrence”. Pour une voiture à 14.000 euros, comme une Clio III milieu de gamme, Renault chiffre à 10% cet écart de coûts.