Pour la Chine, 2010 devrait être l’année du retour au contrôle monétaire

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ï, le 18 janvier 2008 (Photo : Mark Ralston)

[17/01/2010 12:43:43] PEKIN (AFP) Pour la Chine, 2010 devrait être marqué par le retour au contrôle monétaire, oublié au coeur de la crise internationale, mais de nouveau d’actualité alors que montent les craintes d’une surchauffe de l’économie.

Dès la première quinzaine de janvier, la Banque centrale a manifesté son intention de ne pas laisser l’économie marcher dans les traces de celle du Japon où l’éclatement d’une bulle spéculative à la fin des années 80 avait arrêté net le “miracle économique” nippon.

Ces premières mesures ont été prises en douceur, pour retirer de la liquidité du système: hausse des taux de réserves obligatoires des banques et des rendements de Bons d’Etat.

Mais ce n’est que le début, prédisent les analystes.

“Je crois que nous sommes au commencement d’une nouvelle phase de contrôle monétaire. Nous allons voir davantage de mesures dans les prochains mois”, affirme Peng Wensheng, de Barclays Capital à Hong Kong.

Les premières ont été annoncées juste après des informations de presse selon lesquelles les banques avaient massivement prêté au cours de la première semaine de janvier, pour 600 milliards de yuans (60 mds euros), soit davantage que sur les deux mois cumulés d’octobre et novembre, anticipant un resserrement du crédit vers la mi-février.

Fin 2008-début 2009, le gouvernement chinois avait encouragé les banques à desserrer l’étau du crédit pour accompagner son plan de relance annoncé en novembre 2008, alors que l’économie ralentissait.

Résultat: en 2009, les banques ont octroyé deux fois plus de nouveaux prêts qu’en 2008.

La promptitude avec laquelle les établissements financiers se sont exécutés a fini par faire redouter une hausse de leurs créances douteuses, le retour de l’inflation et la création de bulles. Bref, une surchauffe.

Après neuf mois de chute des prix, l’indice des prix à la consommation a progressé de 0,6% sur un an en novembre.

Désormais, et alors que la Chine a sans doute atteint une croissance de 8,5% en 2009, le gouvernement enjoint les banques d’accorder des niveaux de crédit “raisonnables”.

“La croissance, c’était le problème de l’an dernier. En 2010 il faut gérer les conséquences de la croissance et des mesures prises pour la relancer”, souligne Eric Fishwick, économiste de CLSA Asia Pacific, à Hong Kong.

“La Chine n’a plus besoin de grandes politiques de relance”, ajoute-t-il.

Au contraire, place au retour des hausses des taux d’intérêt et du taux de change, estiment certains.

“Nous disons depuis plusieurs mois que des taux plus élevés et un yuan fort doivent faire partie du lot”, rappelle Brian Jackson, de Royal Bank of Canada.

“Cela pourrait bouger vers la fin du premier trimestre”, prédit-il.

Pour Calyon (Crédit Agricole), le retour au contrôle monétaire “pourrait ouvrir la voie tôt ou tard à des mouvements” sur le yuan, de facto arrimé au dollar depuis l’été 2008.

Frappée par la crise mondiale, la Chine avait vu sa croissance chuter à 6,8% au dernier trimestre 2008.

Elle avait aussitôt réagi avec un plan de relance de 4.000 milliards de yuans (400 mds d’euros au taux actuel) et une politique monétaire “modérément souple”, contrastant avec sa ligne des années précédentes, axée sur la prévention de la surchauffe.

“Je n’ai jamais vu un gouvernement prendre des mesures de relance aussi importantes”, ce qui implique aussi plus de contre-mesures par la suite qu’ailleurs, dit Eric Fishwick.

Grâce à cette capacité de réaction, les analystes doutent que puisse se produire dans la troisième économie de la planète un “scénario à la japonaise”.

“Ce n’est pas impossible, mais c’est improbable”, déclare Pu Yonghao, stratégiste en chef Asie chez UBS qui ajoute: “La Chine prend des mesures pour empêcher une telle bulle d’actifs”.