à l’aéroport de Tokyo le 15 janvier 2010 (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[18/01/2010 21:49:48] TOKYO (AFP) Japan Airlines (JAL), la première compagnie aérienne d’Asie criblée de pertes et de dettes, sera fixée sur son sort mardi avec l’annonce d’un vaste plan de sauvetage élaboré par les pouvoirs publics, qui s’accompagnera selon toute vraisemblance d’un dépôt de bilan.
Les médias et les analystes s’attendent à ce que JAL se déclare mardi en cessation de paiement devant le tribunal de Tokyo. Ce qui permettra à la compagnie de bénéficier des protections prévues par la loi sur les faillites.
Le gouvernement nippon a cependant assuré que les avions de JAL, qui assurent plus de 40% des liaisons intérieures au Japon et plus du quart des vols internationaux au départ de Tokyo, continueront à voler.
L’Etic, l’organisme semi-public qui veille sur le redressement de JAL, doit rendre public mardi son plan de sauvetage. Selon les médias, celui-ci comprendra plus de 15.000 suppressions d’emplois en trois ans, soit 30% des effectifs de la compagnie, et des injections massives de capitaux publics.
Toujours selon les médias, l’action JAL sera radiée de la Bourse de Tokyo et les porteurs de titres en seront pour leurs frais. Les créanciers du groupe devront par ailleurs consentir d’importantes remises de dettes.
Japan Airlines devra abandonner de nombreuses lignes non rentables et céder plusieurs filiales, notamment dans l’hôtellerie, assure encore la presse.
A la Bourse de Tokyo, l’action JAL a poursuivi lundi sa dégringolade vers le néant et valait à la clôture 5 yens (-28,57%), contre plus de 200 yens il y a un an. Les actionnaires ont perdu tout espoir de récupérer leur mise, mais le titre continue à faire l’objet de jeux spéculatifs à court terme.
Les principales agences de notation financière ont averti que les porteurs d’obligations JAL ne récupéreront probablement, eux non plus, jamais leur dû.
Deux compagnies aériennes américaines, Delta Air Lines et American Airlines, sont par ailleurs en concurrence pour participer au sauvetage de JAL en entrant dans son capital. Le quotidien Yomiuri Shimbun a affirmé samedi que le gouvernement a finalement choisi Delta.
Si cette information est confirmée, JAL rejoindrait l’alliance Skyteam dont font notamment partie Delta, Air France-KLM et Korean Air. Elle quitterait l’alliance Oneworld à laquelle elle avait décidé d’adhérer en 2005.
Pour superviser le sauvetage de la compagnie, le gouvernement va placer à sa tête un des grands patrons les plus vénérés du pays, le fondateur du groupe d’électronique Kyocera Kazuo Inamori, qui aura 78 ans le 30 janvier.
Ancienne compagnie nationale privatisée en 1987, JAL a déjà été renflouée trois fois par l’Etat nippon depuis 2001.
Selon les analystes, ses difficultés actuelles sont dues à la chute du trafic pendant la crise mondiale, mais aussi à des erreurs stratégiques et à un système de retraites complémentaires particulièrement ruineux.
Selon Peter Harbison, président du cabinet de consultants spécialisé Centre for Asia Pacific Aviation basé à Sydney, les problèmes de JAL sont “une combinaison d’années de protectionnisme, de proximité excessive du gouvernement, de refus de prendre les décisions vraiment difficiles”.
JAL va être finalement fixée sur son sort après des mois de rumeurs, de tergiversations, de spéculations parfois contradictoires de la presse et d’absence totale d’informations officielles.
“La façon dont les ennuis financiers de JAL et les négociations dans l’ombre sur divers scénarios de faillite ont transpiré est troublant du point de vue de la transparence et de la protection des investisseurs”, critiquait lundi le quotidien des affaires Nikkei.