Bien que la Tunisie soit relativement avancée en termes d’utilisation des
Technologies de l’information et de la communication (TIC) en Afrique et qu’elle
dispose même d’un secrétariat d’Etat en charge de l’Informatique, de l’Internet
et des Logiciels libres, certains estiment que peu d’actions concrètes ou de
projets logiciels libres ont été menés dans notre pays, ce qui présente, selon
eux, une contradiction entre, d’une part, une politique et une stratégie, et des
faits sur le terrain, d’autre part.
Explication : il existe bel et bien un secrétariat d’Etat qui prône, selon sa
dénomination, l’usage des logiciels libres, qui organise chaque année une
manifestation nationale autour de l’usage des logiciels libres ; il existe une
Association Tunisienne des Logiciels libres (AT2L), et même un portail officiel
dédié aux logiciels libres en Tunisie. Mais pour autant, selon les initiés, il
est difficile de considérer qu’il y a un choix national clair pour l’usage des
logiciels libres en Tunisie.
D’ailleurs, le plus grand projet signé par notre ministère des Technologies,
c’est un contrat-cadre avec Microsoft pour un montant de 20 millions de dinars
tunisiens, et ce pour l’utilisation des produits Microsoft dans 4 domaines :
l’enseignement primaire et secondaire, l’université (ce qui exclut de fait
l’utilisation des logiciels libres dans l’enseignement et la recherche),
l’e-gouvernement (soit le plus grand projet informatique du pays) et le Mailpost.
Selon notre source, aucun projet d’envergure de l’administration n’a été réalisé
ou confié à des technologies libres. Mais est-ce pour autant que les logiciels
libres ne sont pas utilisés?, s’interroge notre source. Pas vraiment, car
l’utilisation des logiciels libres en Tunisie est un fait communautaire et
spontané : il s’agit des élèves, étudiants, universitaires, chercheurs,
développeurs, SSII et autres
PME/PMI, qui trouvent dans cette technologie non
seulement la gratuité, mais aussi et surtout un immense champ de créativité, de
liberté et de technologie voire d’intelligence.
Certains affirment que, pour un pays en développement comme le nôtre, les
logiciels libres peuvent constituer l’une des rares voies d’avoir sa place dans
le monde de la technologie et des TIC. Il faut dire que plusieurs associations
dont Tunisia Java Users Group, l’AT2L, ou UBUNTU TN prônent les logiciels libres
et poussent à leur utilisation, considérant qu’il s’agit d’un choix de société.