[19/01/2010 15:57:16] BRUXELLES (AFP)
à Luxembourg (Photo : Dominique Faget) |
Les Européens vont examiner une proposition suédoise pour instaurer une taxe sur les banques afin de leur faire assumer le coût de la crise financière, à l’image de celle annoncée la semaine dernière aux Etats-Unis, même si le sujet ne fait pas l’unanimité.
Lors d’une réunion des ministres des Finances de l’Union européenne mi-avril à Madrid, “nous pourrons discuter de cette initiative, ainsi que d’autres initiatives qui auront été mises sur la table d’ici là”, a indiqué mardi la ministre espagnole des Finances Elena Salgado, dont le pays préside l’UE.
Son collègue suédois Anders Borg a appelé mardi à l’instauration dans l’UE d’une forme de “redevance” payée par les banques.
“Nous ne pouvons pas accepter une situation dans laquelle les banques fuient l’addition”, après les sommes énormes dépensées par les Etats pour les soutenir, a-t-il expliqué, lors d’une réunion des grands argentiers européens à Bruxelles.
“Cette approche a beaucoup d’avantages”, dit-il dans une lettre envoyée à ses collègues, en s’appuyant sur un système similaire mis en place dans son pays.
“Une taxe payée par les institutions financières nous aiderait dans nos efforts de consolidation budgétaire (réduction des déficits, ndlr), mais aussi pour renforcer la légitimité de nos mesures pour le secteur financier dans l’opinion publique”, estime-t-il.
Une telle taxe, portant “sur les bilans des banques”, à savoir leur poids total, serait “plus logique” qu’une “taxe sur les transactions financières”, car les banques “ne peuvent pas délocaliser leur bilan en dehors du pays”, plaide-t-il.
Le président américain Barack Obama a annoncé la semaine dernière un projet de taxation d’une cinquantaine de grandes banques destiné à permettre de récupérer les fonds publics dépensés dans le cadre du plan de stabilisation du système financier.
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble s’est montré lundi favorable à l’initiative américaine, la qualifiant de “proposition importante”.
“Au moins, ça nous donne espoir que nous pourrons décider de mesures communes lors du prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du G20”, a-t-il ajouté.
Son homologue française, Christine Lagarde, a quant à elle jugé mardi “intéressant” le “principe consistant à mettre en place un régime d’assurance pour des risques systémiques”, tout en indiquant que la France allait “commencer par bien examiner la lettre” de M. Borg.
“On avait déjà demandé au Fonds monétaire international de travailler sur la question, et je sais qu’ils y travaillent”, a-t-elle ajouté.
“Clairement les Suèdois avancent, les Etats-Unis aussi. Et donc c’est un sujet qu’il faut qu’on examine plus avant”.
Moins optimiste, l’actuel commissaire européen à la Fiscalité Laszlo Kovacs, qui quitte ses fonctions fin janvier, a estimé qu’une telle taxe était “techniquement faisable” et “même politiquement possible”, mais que le “problème” était la règle de l’unanimité qui s’applique en Europe pour les décisions fiscales.
“Je ne parierais pas beaucoup d’argent sur l’introduction de cette nouvelle taxe”, a-t-il lâché.
La semaine dernière, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, avait aussi jugé qu’une taxe commune serait “difficile” à mettre en place en Europe, car la fiscalité “relève des sphères de décision nationales”.