France : le fardeau des déficits restera très lourd en 2010 malgré la reprise

[20/01/2010 16:36:12] PARIS (AFP)

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ère de l’Economie et des Finances à Paris (Photo : Loic Venance)

Grâce à une croissance plus soutenue, le gouvernement a pu afficher des prévisions de dette et de déficit en légère amélioration dans la nouvelle mouture du présentée mercredi, mais les finances publiques plombées par la crise restent exsangues.

Dans son projet de loi de finances rectificative présenté en conseil des ministres, le gouvernement met aussi en musique le grand emprunt de 35 milliards d’euros voulu par Nicolas Sarkozy et censé doper la croissance de 0,3% par an en moyenne sur la décennie.

Cette année, le gouvernement table désormais sur une croissance de 1,4%, quasiment doublée par rapport à celle de 0,75% inscrite au départ dans le budget.

“Ce que l’on constate, c’est une sortie de crise pour la France bien avant les autres”, s’est félicitée la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

La consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, devrait continuer à progresser modestement, l’investissement des entreprises se stabiliser et le commerce extérieur ne pèserait pas sur la croissance en 2010, selon ces nouvelles prévisions.

La situation de l’emploi, toujours très dégradée à cause de la crise, s’améliorerait un peu, avec 120.000 destructions d’emplois dans le secteur marchand prévues en 2010 contre 190.000 annoncées en septembre.

Cette révision à la hausse des prévisions de croissance, synonyme de meilleures rentrées fiscales, a conduit le gouvernement à améliorer ses perspectives de déficit public (Etat, collectivités locales, comptes sociaux): 7,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2009 au lieu de 8,2% et 8,2% en 2010 au lieu de 8,5%.

Cela lui permet aussi de miser en 2010 sur une dette publique moins forte qu’escompté, mais néanmoins sans précédent, à 83,2% du PIB (84% annoncé initialement).

Le déficit de l’Etat est en revanche revu en hausse de près de 32 milliards d’euros en raison du et devrait atteindre cette année le montant record de 149,2 milliards d’euros.

Si l’impact de cet emprunt sur le déficit public est limité à 0,1 point de PIB, selon Bercy, c’est parce qu’une part très importante des investissements prévus n’est pas prise en compte dans les critères de la Commission européenne.

Reste que le déficit attendu en 2010 sera historique, bien loin de la limite de 3% du PIB autorisée par Bruxelles.

Le premier Ministre, François Fillon, a assuré mercredi que la France entendait réduire son déficit “de plus d’un point de PIB” chaque année, afin de repasser “dans un délai raisonnable” sous la barre des 3% fixée par Bruxelles.

La France s’est engagée à revenir dans les clous en 2013, si une forte croissance est au rendez-vous. Une conférence nationale sur les finances publiques doit se tenir à la fin du mois et le gouvernement espère en tirer au printemps les conclusions pour sortir de la spirale des déficits et de l’endettement.

Pour compenser les intérêts dus au titre du grand emprunt, le gouvernement va économiser sur ses dépenses de fonctionnement, en annulant 500 millions d’euros de crédits ministériels en 2010.

Quelques missions comme l’enseignement supérieur ou l’aide au développement ne seront pas concernées. Mais la plupart des ministères devront “aller plus loin dans leurs propositions de diminution de frais de fonctionnement”, a prévenu le ministre du Budget, Eric Woerth, reconnaissant que cela créait “beaucoup de remous”.

Outre le grand emprunt, le collectif budgétaire inclut aussi la taxe exceptionnelle instaurée en 2010 sur les bonus des traders.

La nouvelle version de la taxe carbone a fait en revanche l’objet d’une simple communication par le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, en conseil des ministres.