Dépôt de bilan de Japan Airlines : encore trois ans de vol garantis par l’Etat

[20/01/2010 10:11:13] TOKYO (AFP)

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érienne japonaise Japan Airlines (JAL) à l’aéroport Haneda de Tokyo le 3 janvier 2010 (Photo : Kazuhiro Nogi)

Les avions de la première compagnie aérienne japonaise, Japan Airlines, volaient normalement mercredi au lendemain du dépôt de bilan du groupe, mais ce dernier s’engage dans un plan de redressement triennal ambitieux et bien trop flou, estiment des analystes.

Malgré la faillite, JAL, considérée comme un emblème national, bénéficie de l’aide presque inconditionnelle des pouvoirs publics pour poursuivre ses activités et payer ses factures, sous l’étroite surveillance de juges et administrateurs extérieurs.

“Nous avons eu pour mission de préparer un plan afin de relancer JAL de façon certaine, prenant en compte le fait que le gouvernement apporterait son plein soutien tant que nécessaire”, a expliqué Hideo Seto, qui a présidé à l’élaboration du projet au sein d’un organisme semi-public de revitalisation des entreprises, Etic. “S’il s’était agi d’une société redressable avec un peu d’argent, une telle méthode judiciaire n’aurait peut-être pas été nécessaire, mais ce n’est pas le cas de JAL, surendettée”.

Réduction massive des effectifs (15.600 sur 50.000 salariés), abandon d’une trentaine de lignes déficitaires, renouvellement de flotte, cession d’actifs, effacement de dettes et énorme apport de fonds étatiques et privés: les grandes lignes du plan de redressement demeurent classiques et insuffisamment détaillées aux yeux des analystes.

“Le contenu concret n’a pas été montré, il le sera apparemment fin juin, puisqu’il doit être décidé entre-temps par les gestionnaires de l’Etic et la nouvelle direction”, constate Makoto Murayama (Nomura Securities).

Ce spécialiste espérait pourtant apprendre dès mardi “dans quels segments et de quelle façon les postes seront supprimés, quelle est la part imputable aux filiales qui seront écartées du groupe et comment ces dernières le seront”.

Il aurait aimé que soit indiqué “vers quel partenaire américain et quelle alliance (Delta Air Lines/SkyTeam ou American Airlines/Oneworld), va se tourner JAL et surtout pourquoi”. “N’a été présenté que ce qui avait fait l’objet de fuites dans la presse pendant des jours et des jours”.

Même si tout le monde convient que le temps presse et que cette procédure est “celle de la dernière chance”, la réorganisation ne débutera que dans plusieurs mois, lorsqu’auront précisément été définies les mesures et qu’elles auront été validées par le tribunal.

Les discussions qui vont s’engager avec différentes parties, dont les syndicats, font craindre quelques accrocs, même si “le dialogue s’est amélioré dernièrement du fait de la gravité de la situation”, d’après le PDG démissionnaire, Haruka Nishimatsu.

“Il y aura des épreuves difficiles au cours des trois années de restructuration”, a prévenu le ministre des Transports, Seiji Maehara.

“Nous n’éviterons pas la perte d’une partie des clients, nous l’avons prise en compte”, a renchéri ensuite M. Seto (Etic).

Le plan, qui vise avant tout à délester JAL de ses activités déficitaires, peut réussir à rendre à nouveau la compagnie rentable. “Mais après? il manque une vision”, observe Yasuhiro Matsumoto (Shinsei Securities).

“La responsabilité de JAL est grande, mais aussi celle de la régulation conduite par le précédent gouvernement”, reconnaît M. Maehara.”Ce n’est pas seulement le problème de JAL, mais celui du pays que de tracer le portrait d’une grande compagnie japonaise et de réfléchir à ce que doit être le secteur aérien au Japon”, où JAL et sa concurrente privée All Nippon Airways (ANA) dominent le marché.

“Faut-il deux compagnies?”, demande le ministre.

Cette allusion à une consolidation a le don de faire bondir ANA, en plutôt bonne santé, qui craint déjà une distorsion de concurrence due à la nationalisation de facto de sa rivale.