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| écaire consulte le manuscrit millénaire et sa copie numérisée sur internet, le 14 janvier 2010 à la bibliothèque humaniste de Sélestat. (Photo : Patrick Hertzog) |
[20/01/2010 16:59:57] SELESTAT (Bas-Rhin) (AFP) Accéder d’un clic à des ouvrages liturgiques vieux de 14 siècles, enluminures comprises: en Alsace, une des plus riches bibliothèques historiques d’Europe fait entrer le haut Moyen-Age dans l’ère numérique en mettant à disposition sur le web une partie de sa collection.
Dans ses prestigieux locaux à l’atmosphère recueillie, qui évoquent un décor de chapelle, la Bibliothèque humaniste de Sélestat rassemble des milliers de manuscrits, d’incunables et d’imprimés du XVIe siècle, la plupart en latin ou en allemand ancien.
“Ce sont des ouvrages très rares, voire uniques, et en tout cas très fragiles. Les chercheurs et historiens qui veulent les consulter doivent déposer une demande par écrit”, explique Anaïs Stoecklé, chargée du projet de numérisation. “Ensuite, quand ils se présentent ici, ils doivent porter des gants pour tourner les pages”.
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| écaire consulte le manuscrit millénaire et sa copie numérisée sur internet, le 14 janvier 2010 à la bibliothèque humaniste de Sélestat. (Photo : Patrick Hertzog) |
Pour ses responsables, cette opération de numérisation n’est pas un gadget, mais répond à une nécessité concrète: “Nous sommes avant tout dans une logique de conservation. Le but c’est de sortir les ouvrages originaux le moins possible”, explique Mme Stoecklé.
Sur le site de l’établissement, www.bh-selestat.fr, l’historien médiéviste, le chercheur en théologie ou tout simplement l’internaute curieux peut consulter, en haute résolution, les pages scannées du “Lectionnaire mérovingien”, un ouvrage liturgique du VIIe siècle provenant du nord de l’Italie, ou encore le “Livre des miracles de Sainte Foy” (XIIe/XIVe siècles).
Ce dernier, qui va prochainement être prêté dans le cadre d’une exposition à voir à Saint-Jacques de Compostelle et à Rome, a été assuré pour deux millions d’euros.
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| èque humaniste de Sélestat. (Photo : Patrick Hertzog) |
“Parmi nos ouvrages les plus précieux, nous n’avons pas forcément de pièces uniques au monde, au sens où il n’existerait ailleurs aucune autre version du même texte”, explique Laurent Naas, historien médiéviste et responsable de la bibliothèque. Mais en matière de manuscrit – réalisé par les moines copistes du Moyen-Age – chaque livre est forcément unique, et sa conservation, sa numérisation, deviennent primordiales, ajoute-t-il.
Dans certains cas, ajoute l’historien, il peut déjà exister, quelque part sur internet, une version numérisée de telle ou telle retranscription moderne d’un texte ancien. Mais le site de l’établissement alsacien propose de visualiser, sous forme de fichier image, la copie intégrale des pages, avec enluminures, mentions marginales et couleurs.
L’opération n’en est qu’à ses débuts: 137 volumes sont en ligne, sur 3 à 4.000 que compte la partie la plus précieuse de la collection. Celle-ci est l’héritière directe de la bibliothèque d’un savant humaniste établi à Sélestat à la Renaissance, Beatus Rhenanus, ainsi que de la bibliothèque paroissiale locale, fondée au XVe siècle.
Quelque 71.000 pages ont été scannées pour le moment, pour un coût de 31.683 euros, financé quasiment à parité par la ville de Sélestat, propriétaire de la collection, et par l’Etat.
“La raideur des reliures nous a posé quelques soucis, ce sont des livres qu’on ne peut pas mettre bien à plat, et bien sûr on ne peut pas les aplatir sous un presse-livres, ça les endommagerait”, explique Yves Durand, le patron de la PME alsacienne qui a réalisé l’opération, Flash Copy.
Au printemps, le scanner reviendra troubler la quiétude des vieux rayonnages de Sélestat, pour la suite de cette opération de grande ampleur. “C’est un long processus”, souligne M. Durand. “Pas question d’utiliser un automate pour tourner les pages: tout est fait à la main, avec des gants”.
