Après son double salaire, Proglio poussé à abandonner sa double casquette

[24/01/2010 22:53:30] PARIS (AFP)

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ésident non exécutif de Veolia, le 25 novembre 2009 (Photo : Eric Piermont)

La pression est encore montée d’un cran ce week-end sur Henri Proglio dont la double casquette chez EDF et Veolia est “provisoire” et ne pourra pas durer “éternellement”, a prévenu le gouvernement, alors que l’opposition continuait à batailler sur le sujet.

L’ancien Pdg de Veolia, choisi par le président Sarkozy pour diriger EDF, a renoncé cette semaine aux 450.000 euros annuels que devait lui verser Veolia en plus de 1,6 million perçu chez EDF, après une bronca de l’opposition et un coup de fil du chef de l’Etat, selon Le Monde.

Mais M. Proglio, qui a conservé des fonctions de président non exécutif du numéro un mondial de l’eau où il a fait toute sa carrière, n’a pas reculé d’un pouce sur cette double casquette, également très critiquée.

La situation “ne durera pas éternellement” et “il ne faut pas qu’elle dure”, a averti Christine Lagarde dimanche sur France 2.

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a enfoncé le clou: ce cumul est “provisoire”, a-t-il insisté. Mais ni l’un ni l’autre ne se sont prononcés sur le délai dans lequel il pourrait prendre fin.

Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, a souhaité que la transition “soit la plus courte possible”.

Mme Lagarde avait déjà relevé vendredi que M. Proglio avait de lui-même parlé d'”une période temporaire” pour cette double fonction. Entendu à huis clos fin octobre par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée, M. Proglio avait en effet évoqué, selon le député François Brotte (PS), une période “transitoire”.

Tout en dénonçant un “débat de période électorale”, les deux ministres ont ainsi semblé faire droit à l’opposition qui réclame une démission de M. Proglio de la présidence de Veolia.

Le PS, qui dénonce depuis l’automne l’incompatibilité des deux fonctions du patron d’EDF, a jugé vendredi que la seule décision “morale” était que M. Proglio démissionne de la présidence de Veolia.

Pour le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, le cumul des fonctions est “plus gênant” encore que celui des rémunérations.

“Il y a un doute qui susbiste: qu’est ce qui va se passer? Est-ce que à un moment donné, il va y avoir une privatisation partielle d’EDF ou pas?”, s’est-il interrogé, rappelant son souhait qu’EDF “reste une entreprise 100% publique” car “c’est un secteur sensible”.

Le président du MoDem, François Bayrou, a appelé Henri Proglio à “choisir” entre les deux entreprises, estimant qu’il ne pouvait pas défendre à la fois “l’intérêt général” et “l’intérêt des actionnaires”.

Dans les rangs du gouvernement le Haut commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, a estimé que cela “vaudrait la peine de poser la question” à l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui avait déjà qualifié de “baroque” la double fonction de M. Proglio.

Pour M. Proglio, cette double casquette a une logique, qu’il défend de longue date: opérer un rapprochement entre EDF et Veolia, afin de dégager des “synergies industrielles”, “sans aller jusqu’à une fusion”.

Dans cette optique, il a pour projet de faire d’EDF le premier actionnaire de Veolia avec environ 15% du capital, selon la presse.

L’affaire Proglio risque en tout cas d’occuper encore une large place lundi soir dans l’émission spéciale de TF1 autour de Nicolas Sarkozy, au cours de laquelle le chef de l’Etat dialoguera avec une dizaine de Français.