Les actionnaires de Thomson réunis mercredi pour décider de son avenir

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édéric Rose, lors de l’assemblée générale des actionnaires, le 16 juin 2009 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[26/01/2010 10:11:09] PARIS (AFP) Le groupe français Thomson, en proie à de grandes difficultés financières, proposera mercredi à ses actionnaires de valider un plan réduisant de près de moitié sa dette, un vote décisif pour son avenir.

L’Assemblée générale est convoquée à 11H00 au Palais des Congrès à Paris: les actionnaires devront se prononcer sur 17 résolutions nécessaires à la mise en oeuvre du plan de restructuration de la dette et au changement de nom du groupe.

Ce plan a déjà été approuvé à la quasi-unanimité par ses créanciers en décembre.

Le groupe de technologie pour les médias, qui emploie quelque 20.000 salariés dans le monde, croule sous une dette brute de 2,84 milliards d’euros.

Le plan vise à transformer une partie de la dette en capital et en obligations, afin de la réduire à 1,55 milliard, soit une baisse de 45%.

Ce plan doit doter Thomson “d?une structure financière en adéquation avec ses projets d?avenir”, souligne son PDG Frédéric Rose, dans une lettre adressée aux actionnaires.

Il “a été élaboré en prenant en compte les intérêts de toutes les parties prenantes, salariés, actionnaires, clients et fournisseurs”, ajoute-t-il, en les appelant à “donner à (la) société l’élan indispensable à l?exécution de sa stratégie”.

En cas de rejet des résolutions 5 à 10, Thomson serait contraint de solliciter “du tribunal de commerce de Nanterre, comme le prévoit la loi, l?adoption d?un plan de sauvegarde”.

Le groupe s’est en effet placé le 30 novembre sous cette procédure, afin de disposer d’une photographie de ses créanciers qu’il ne parvenait plus à identifier du fait de montages financiers complexes.

M. Rose rappelle, dans son message, que le plan du tribunal sera “essentiellement fondé sur un rééchelonnement de la dette sur une période de dix ans avec pour conséquence, pour les prochaines années, le maintien du niveau d?endettement actuel de la société”. Fin novembre, il avait déjà affirmé que son plan était “plus attractif” que celui qui serait imposé par la justice.

Thomson, qui a frôlé à plusieurs reprises la faillite, espère ainsi repartir sur des bases plus saines. En raison de la crise, mais aussi des incertitudes pesant sur son avenir, il a vu au troisième trimestre le chiffre d’affaires des activités qu’il entend poursuivre chuter de 20,2%.

Premier fabricant de téléviseurs dans les années 90, le groupe s’est depuis profondément transformé: il entend se concentrer sur les services “créateurs de contenu”, c’est-à-dire les studios de cinéma et de télévision, autour de la marque Technicolor rachetée fin 2000. Il va d’ailleurs proposer aux actionnaires de se rebaptiser du nom de cette filiale.

D’après Jean-Pierre Ottavi, secrétaire de l?intersyndicale CFDT-CGT-FO-Sud, l’issue du vote reste incertaine : “aujourd’hui, les actionnaires possèdent 270 millions d’actions à 1 euro, demain arriveront peut-être sur le marché 1,3 milliard d’actions à 0,66 euro. Cela représente une très forte dilution du capital”.

Pour autant, souligne-t-il, certains actionnaires sont aussi créanciers, comme la Société Générale.

“Je pense que les gens vont préférer cette dilution”: “ce ne sera pas de gaieté de coeur, mais au moins ils peuvent espérer que l’entreprise repartira de l’avant. Sinon, on sait que c’est l’option de mort subite”, estime de son côté un analyste parisien, sous couvert d’anonymat.