Roumanie : le FMI et UE reprennent leur aide

[27/01/2010 13:16:17] BUCAREST (AFP)

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évaluation du FMI, Jeffrey Franks, le 26 janvier 2010 à Bucarest (Photo : Daniel Mihailescu)

Le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) ont annoncé mercredi la reprise de leur aide à la Roumanie, après une interruption liée aux turbulences politiques, et prédisent un retour à la croissance dès le premier trimestre 2010.

“Nous allons présenter au conseil d’administration du FMI un document autorisant le déblocage des prochains versements”, a déclaré à Bucarest le chef de la mission du Fonds, Jeffrey Franks.

Le FMI versera au total 2,3 milliards d’euros à Bucarest en février et l’UE un milliard d’euros en mars.

Le FMI, la Banque mondiale et l’UE avaient accordé au printemps 2009 une aide globale de 20 milliards d’euros à la Roumanie pour faire face à la sévère récession qui frappait le septième Etat de l’Union européenne (en terme de population).

Le versement de cette aide avait cependant été interrompu en novembre à la suite de la crise politique qui secouait le pays et en attendant la formation d’un nouveau gouvernement intervenue fin décembre.

Selon M. Franks, l’adoption à la mi-janvier d’un budget 2010 d’austérité, basé sur un déficit de 5,9% (contre 7,3% en 2009) a permis une reprise de l’aide.

“2009 a été difficile pour l’économie mondiale. Pour la Roumanie nous nous attendons à une contraction de l’économie de 7%”, a-t-il indiqué.

Mais des évolutions “encourageantes” sont intervenues fin 2009 et le FMI estime que la Roumanie renouera avec la croissance “dès le premier trimestre 2010”.

Pour l’ensemble de l’année, le Fonds table sur une hausse du PIB de 1,3%, tandis qu’en 2011 “un taux de croissance raisonnablement élevé” est attendu, selon le chef de la mission.

Le FMI avait relevé mardi sa prévision de croissance mondiale en 2010, à 3,9% contre 3,1% prévus en octobre, mais averti que de nombreux risques menaçaient encore l’économie mondiale, dont la montée de la dette des Etats.

L’économiste roumain Aurelian Dochia appelle pour sa part à la “prudence”.

“La situation économique reste fragile et une relance de la croissance en Roumanie dépendra beaucoup de ce qui se passe en Europe”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Selon lui, le “principal défi” pour Bucarest sera de respecter ses engagements envers les bailleurs de fonds, portant notamment sur la réforme du système des retraites et des salaires de la fonction publique, qui “traîne depuis des mois et est très contestée par les syndicats”.

100.000 postes de fonctionnaires publics doivent être supprimés, a annoncé le gouvernement suscitant des menaces de grève.

Le FMI a souligné qu’une réduction des dépenses était indispensable, laissant à Bucarest le choix entre baisses de salaire ou suppressions d’emplois.

“La Roumanie ne peut pas se permettre un secteur public de type Mercedes, mais plutôt de type Dacia”, en référence au véhicule bon marché produit dans ce pays par le groupe Renault, a insisté M. Franks.

M. Dochia a également mis en garde contre une répétition du “scénario grec”, avec le risque d’un endettement excessif pour la Roumanie, qui “pourrait être contrainte de renoncer à des projets d’investissement pour payer le service de la dette”.

Dans un communiqué, le Commissaire européen à l’Economie, Joaquin Almunia a “loué les efforts du gouvernement pour limiter la détérioration du déficit budgétaire durant cette crise mondiale”, soulignant néanmoins que ces efforts “devront se poursuivre”.