La monnaie unique au plus bas depuis juillet, la zone euro inquiète toujours

[29/01/2010 14:30:30] LONDRES (AFP)

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Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget)

L’euro se stabilisait face au dollar vendredi, mais restait faible, sous le seuil de 1,40 dollar, pénalisé par des inquiétudes persistantes sur la situation économique de certains pays européens dont la Grèce, et sur un possible risque de contagion au sein de la zone euro.

Vers 10H45 GMT (11H45 à Paris), l’euro valait 1,3965 dollar contre 1,3966 jeudi vers 22H00 GMT, après être tombé à un nouveau plus bas depuis mi-juillet à 1,3913 dollar vers 01H15 GMT.

En 15 jours, l’euro a ainsi perdu jusqu’à 4,5% de sa valeur face au dollar.

“Les marchés financiers sont fortement préoccupés par les risques qui entourent le déséquilibre des finances publiques d’un certain nombre de pays de la zone euro”, notait Olivier Bizimana, économiste chez Calyon.

La santé budgétaire de la Grèce est au centre des inquiétudes des cambistes, le pays faisant face à la pire crise de ses finances publiques depuis trente ans, avec une explosion de ses déficits et de sa dette.

Face au dérapage du déficit public et de la dette, chiffrés pour 2009 respectivement à 12,7% et 113,4% du PIB pour 2009, le gouvernement socialiste grec a annoncé un plan de redressement prévoyant notamment des coupes dans les dépenses publiques et une lutte renforcée contre la fraude fiscale, censé faire baisser le déficit à 8,7% du PIB cette année.

Mais de nombreux observateurs jugent au mieux ces objectifs comme étant difficiles à atteindre, et tablent désormais sur un éventuel plan de soutien de l’Union Européenne.

Pour l’instant, l’Allemagne et la France ont démenti une quelconque concertation de différents gouvernements de la zone euro sur un mécanisme de “soutien financier” à la Grèce.

De son côté, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a assuré que son pays n’avait pas sollicité l’aide de ses partenaires européens, et réaffirmé que son pays était “déterminé” à respecter les critères de Maastricht en matière de finances publiques.

Mais cela n’a pas suffi à apaiser les craintes des marchés financiers.

“Si le scénario le plus plausible est celui d’un programme de soutien d’urgence à la Grèce, rien ne l’assure actuellement”, notait Simon Derrick, analyste chez BNY-Mellon. Et cette incertitude pèse sur l’euro.

En outre, la situation grecque menace de se reproduire au Portugal.

Le Portugal reste d’ailleurs sous pression des agences de notation après l’engagement du gouvernement, dans son projet de budget 2010, de réduire d’un point le déficit record de 9,3% du PIB atteint l’année dernière.

L’agence Moody’s a averti jeudi qu’elle juge difficile pour le gouvernement d’atteindre ses objectifs “sans des coupes dans les dépenses ou des hausses d’impôts plus importantes que ce qui est actuellement prévu”.

Si la situation venait à s’aggraver au Portugal, comme en Irlande, en Espagne et en Italie, comme le craignent les économistes cela pourrait remettre en question la viabilité même de la monnaie unique européenne.

De fait, “les autorités européennes se retrouvent dans une situation où elles vont devoir prendre une position sans attendre”, prévenait Simon Derrick.

Toutes ces difficultés ont même soulevé des craintes de sortie de la zone euro des pays les plus faibles. Pour l’instant, elles ne paraissent pas fondées cependant. Interrogé sur la question il y a deux semaines, le propre président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet avait refusé de répondre, indiquant “ne pas commenter les hypothèses absurdes”.

Vendredi même, la ministre française des Finances Christine Lagarde a rappelé que les membres de la zone euro étaient “tous solidaires les uns à l’égard des autres”.

Alors que de nombreux indicateurs américains importants étaient attendus vendredi, dont la 1ère estimation de croissance du PIB au quatrième trimestre à 13h30 GMT, le yen baissait baissait face à l’euro à 125,95 yens pour un euro à 10h45 GMT, comme face au dollar à 90,24 yens pour un dollar.

La livre britannique était stable face à l’euro à 86,51 pence pour un euro, comme face au dollar à 1,6135 dollar.

La monnaie helvétique gagnait du terrain face à l’euro à 1,4671 franc suisse pour un euro, comme face au dollar à 1,0511 franc suisse pour un dollar.

L’once d’or valait 1.081,70 dollars contre 1.088 dollars jeudi soir.