Empêcher la “cyber-guerre” par un traité, recommande un responsable de l’ONU

photo_1264868266214-1-1.jpg
écran lors d’une présentation d’un responsable de Sinagoupour sur les risques des attaques via internet en 2005. (Photo : Roslan Rahman)

[30/01/2010 16:21:52] DAVOS (Suisse) (AFP) Le monde a besoin d’un traité pour se défendre des “cyber-attaques” avant qu’elles ne se transforment en “cyber-guerre” ou “guerre sur internet”, a déclaré samedi à Davos le chef de l’agence des télécommunications de l’ONU.

Alors que les attaques chinoises contre Google ont figuré au menu des discussions du Forum économique mondial (WEF) de Davos qui s’achève dimanche, le secrétaire général de l’Union internationale des télécommunications (UIT) Hamadoun Touré a souligné que le risque d’un tel conflit entre deux pays s’accroît d’année en année.

Lors d’un débat, des experts ont estimé que les nations devaient désormais réfléchir à quel moment une attaque sur internet devient une déclaration de guerre.

M. Touré a proposé un traité par lequel les parties s’engageraient à ne pas lancer le premier une “cyber-attaque” contre un autre. “Une cyber-guerre serait pire qu’un tsunami – une catastrophe”, a déclaré le secrétaire général de l’UIT.

Il a proposé un accord international, dont la structure “ressemblerait à un traité de paix avant une guerre”. Les pays doivent protéger leurs citoyens et leur droit d’accès à l’information, promettre de ne pas abriter les +cyber-terroristes+ et devraient “s’engager à ne pas en attaquer un autre”, a-t-il dit.

photo_1264868348560-1-1.jpg
élécommunications de l’ONU. Hamadoun Toure, le 26 février 2009 à Genève. (Photo : Fabrice Coffrini)

John Negroponte, directeur des services de renseignement américains dans l’administration de George W. Bush, a cependant estimé que les agences de renseignement dans les principaux pays seraient les premières à “exprimer des réserves” sur un tel projet.

Susan Collins, une sénatrice républicaine qui siège dans les commissions de la Défense et de l’Intérieur au Sénat américain, a estimé que la perspective qu’une attaque sur internet déclenche une guerre est désormais prise en considération par les Etats-Unis.

“Si quelqu’un bombarde notre réseau électrique et que nous avons vu venir les bombardiers, c’est clairement un acte de guerre”, a-t-elle observé.

“Si le même pays utilise des ordinateurs sophistiqués pour mettre hors service notre réseau électrique, je pense vraiment que nous ne sommes pas loin de dire qu’il s’agit d’un acte de guerre”, a ajouté Mme Collins.

Craig Mundie, directeur de recherche chez Microsoft, a estimé qu'”il y a au moins dix pays dans le monde dont la capacité informatique est suffisamment sophistiquée pour mener des cyber-attaques (…) et ils peuvent faire apparaître cette attaque comme venant de n’importe où”.

Le chef de la société de sécurité internet McAfee a déclaré, au cours d’un autre débat à Davos vendredi, que la Chine, les Etats-Unis, la Russie, Israël et la France figurent parmi les vingt pays engagés dans une course aux “cyber-armes” et qui se préparent à de possibles hostilités sur internet.

Craig Mundie et d’autres experts perçoivent un besoin croissant de contrôler internet afin d’y réprimer la fraude, l’espionnage et la propagation des virus.

“Les gens ne saisissent pas l’étendue de l’activité criminelle sur internet. Que ce soient des groupes criminels, des individus ou des Etats, cet univers devient plus sophistiqué”, a estimé ce chercheur de Microsoft.