Utiliser des données bancaires volées revient à “faire affaire avec des criminels”, selon Berne

photo_1264937779639-1-1.jpg
ésidente suisse et ministre de l’Economie, Doris Leuthard, le 30 janvier 2010 au Forum de Davos (Photo : Eric Piermont)

[31/01/2010 11:40:58] GENÈVE (AFP) L’utilisation de données bancaires illégales est “difficile pour un Etat de droit”, car cela reviendrait à “faire affaire avec des criminels”, a estimé la présidente suisse Doris Leuthard interrogée sur le rachat par Berlin d’une liste de contribuables ayant caché des comptes en Suisse.

“En général, nous jugeons difficile qu’un Etat de droit utilise des données illégales”, a expliqué Mme Leuthard à l’agence ATS en marge du Forum économique mondial (WEF) à Davos (est).

“Cela reviendrait à faire affaire avec des criminels, ce qui est contre la loi”, a-t-elle asséné. “C’est un développement que nous ne pouvons pas cautionner”, a insisté la présidente qui occupe également le poste de ministre de l’Economie.

Mme Leuthard s’est toutefois refusée à confirmer les informations parues dans la presse allemande samedi selon lesquelles Berlin se serait vu proposer une liste de 1.500 contribuables allemands ayant des comptes cachés en Suisse contre de 2,5 millions d’euros.

Cette question est pour le moment “spéculative et non officielle”, a-t-elle souligné, précisant: “dans ce cas concret, nous devons d’abord faire une analyse, avoir des informations officielles et ne pas faire de spéculations”.

Selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung paru samedi, l’informateur a déjà fourni au fisc allemand des données concernant cinq comptes, susceptibles de rapporter environ un million d’euros chacun aux caisses de l’Etat. Le ministère des Finances serait en train d’étudier l’offre.

Si elle se confirme, cette affaire pourrait porter un coup de plus au secret bancaire helvétique, se révélant au fil des mois et des scandales de plus en plus poreux.

La Suisse vient à peine de régler une affaire presque similaire avec la France qui a obtenu des données volées par un employé d’une filiale de la banque britannique HSBC à Genève. Ces données ont permis à Paris d’établir une liste de 3.000 contribuables soupçonnés d’évasion fiscale.

Cette nouvelle affaire en Allemagne intervient également près de deux ans après des faits similaires au Liechtenstein qui avaient permis à Berlin de récupérer plus de 500 millions d’euros.