[01/02/2010 06:10:54] PARIS (AFP)
à Montluçon (Photo : Thierry Zoccolan) |
La crise économique a aggravé en 2009 la crise du , devenu lui-même un “creuset des inégalités” pour des millions de personnes en proie à ce “grave problème de société”, affirme la Fondation Abbé Pierre dans son 15e annuel publié lundi.
“Le logement apparaît comme un facteur d’appauvrissement mais aussi comme une nouvelle source d’inégalité”, écrit-elle dans son “Etat du mal-logement en France” en 2009.
Elle propose de s’y attaquer via une batterie de mesures: parmi elles, “imposer sur tout le territoire et dans tout programme immobilier de plus de 10 logements un quota minimum de 30% de logements à loyer accessible”, “encadrer” les loyers des logements qui changent de locataires et ont une fâcheuse tendance à augmenter, ou encore “mettre en place un chèque énergie pour les plus pauvres”.
“Deux mouvements nous inquiètent particulièrement: la crise du logement s’aggrave dans la durée, et la crise économique fragilise énormément de ménages”, précise Christophe Robert, directeur des études de la Fondation.
De fait, tous les indicateurs mesurant l’accès des Français à un logement ont viré au rouge l’an passé.
Qu’il s’agisse de la construction neuve ou du parc existant, l’offre immobilière s’est “contractée”, aggravant la pénurie de logements: il en manquait 900.000 en fin d’année, soit 100.000 de plus qu’à fin 2008.
Dans le parc existant, la crise économique a engendré une frilosité des ménages à déménager, réduisant d’autant l’offre, tant dans le parc privé (-500.000 logements par rapport à 2007) que social.
Parallèlement, le coût annuel moyen de la location ou de l’achat d’un logement ne cesse de progresser (+23% entre 2002 et 2007, à 9.700 euros) et les nouveaux acquéreurs doivent s’endetter sur des périodes toujours plus longues: 14 ans en moyenne en 2001, 18 en 2009.
Pour les locataires, la légère baisse globale des loyers enregistrée en 2009 “ne modifie pas la tendance à la hausse” dans le privé, souligne le rapport.
Avec l’approfondissement de la crise économique, des phénomènes apparus récemment s’amplifient: c’est le cas de la “précarité énergétique” de 3,4 millions de ménages, soit 13% d’entre eux, qui ne peuvent chauffer leur logement à un prix raisonnable, et d’une “zone grise” du mal-logement, constituée de personnes installées chez des tiers, dans des campings, des squats, des caves, des garages…
Miroir des inégalités, le logement en est aussi le “générateur”: il “renforce le déterminisme social” car, logiquement, ce sont les plus modestes qui sont davantage concernés par cette crise.
C’est particulièrement vrai pour les quelque 600.000 enfants mal logés, avec des conséquences parfois lourdes pour leur santé (saturnisme, affections respiratoires, mauvaise alimentation, mauvaise hygiène, troubles du sommeil), leur scolarité, leur intégration sociale.
Au final, selon le rapport, 10,1 millions de personnes sont aujourd’hui confrontées à la crise du logement, dont 3,5 millions très mal logées (cabanes, familles nombreuses en chambre d’hôtel…), voire sans abri, et 6,6 millions “fragilisées”: en instance d’expulsion, vivant dans des copropriétés insalubres, en situation d’impayés, en situation de supeuplement (3,5 millions), hébergés chez des tiers.
Un tableau qui risque de se noircir encore en 2010, lorsqu’un million de chômeurs arriveront en fin de droits, prévient la Fondation Abbé Pierre.
Face à cela, les responsables politiques sont apparus “plus soucieux en 2009 de traiter la crise immobilière qui s?est développée dans le sillage de la crise financière que d?apporter des réponses à la crise du logement”, dénonce-t-elle.