ésident Barack Obama, le 25 janvier 2010 à Washington (Photo : Jim Watson) |
[01/02/2010 07:42:29] WASHINGTON (AFP) Contraintes budgétaires obligent, le président Barack Obama va revoir à la baisse les ambitions spatiales des Etats-Unis, renonçant à un retour sur la Lune d’ici 2020 et confinant la Nasa en orbite terrestre basse pour encore longtemps.
Ce changement de cap sera dévoilé ce lundi dans le projet de budget 2011 que M. Obama va soumettre au Congrès.
Cette nouvelle approche, révélée par des quotidiens de Floride citant des responsables anonymes de la Nasa, a été confirmée vendredi à l’AFP de source proche de la Maison Blanche.
“Le programme Constellation est mort”, croit savoir cette source selon qui M. Obama va proposer d’encourager davantage le développement de véhicules et de lanceurs commerciaux vers la Station spatiale internationale (ISS).
Constellation avait été lancé en 2004 par l’ancien président George W. Bush après la catastrophe de la navette Columbia en 2003 et prévoyait un retour des Américains sur la Lune à l’horizon 2020 et, au-delà, des vols habités vers Mars.
Ce que propose M. Obama, “c’est en gros une des options offertes par le rapport d’experts indépendants” (présidé par Norman Augustine) remis fin 2009 à la Maison Blanche, a précisé cette source.
“Il s’agit de l’élimination de la fusée Ares 1, la fin du programme de la navette comme prévu (fin 2010 ou début 2011) sans vol supplémentaire et le maintien de l’ISS jusqu’en 2020”, ajoute cette source précisant que neuf milliards de dollars ont déjà été dépensés sur ce projet.
Le logo de la Nasa (Photo : Nicholas Kamm) |
Le gouvernement va proposer d’augmenter le budget de la Nasa de 5,9 milliards de dollars sur cinq ans pour en partie encourager le développement d’un secteur commercial capable d’assurer le transport orbital de personnes et de fret vers l’ISS.
L’administration Obama souhaite réduire dès que possible la dépendance vis-à-vis des vaisseaux russes Soyouz pour transporter les astronautes américains vers l’ISS après la mise à la retraite des navettes. Cinq vols sont encore prévus dont le prochain le 7 février.
La Maison Blanche entend aussi redonner à la Nasa son rôle de moteur de l’innovation que l’agence a joué avec succès dans les années 60 avec le programme Apollo de conquête de la Lune en stimulant cette fois l’essor d’un secteur commercial dynamique.
Si l’administration Obama abandonne, pour au moins cette décennie, les ambitions d’effectuer des vols habités au-delà de l’orbite terrestre, elle envisage aussi d’intensifier la coopération internationale, souligne John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à l’Université George Washington.
Les pays européens sont privilégiés mais d’autres nations seront aussi sollicitées, dit-il à l’AFP notant que l’ISS est un bon modèle de coopération pour d’autres missions futures d’exploration habitées.
“La mort du programme Constellation ne signifie pas la mort de l’exploration spatiale” américaine, assure cet expert, expliquant que la Nasa avec le secteur privé et d’autres partenaires internationaux va commencer à plancher sur l’avenir de l’exploration au-delà de l’orbite terrestre. Mais ces projets ne pourront se concrétiser qu’après 2020, souligne-t-il.
On peut imaginer des expéditions sur la Lune, sur un astéroïde proche ou une lune de Mars, note John Logsdon.
Plus pessimiste, l’ancien patron de la Nasa, Michael Griffin, un des concepteurs de Constellation, prévient dans un communiqué qu’un abandon de ce programme “revient à renoncer au leadership américain dans la conquête spatiale”, sous-entendant les ambitions chinoises, russes ou autres.
Selon M. Logsdon, la proposition de M. Obama va probablement provoquer une levée de boucliers au Congrès où des élus vont voir d’un mauvais oeil l’abandon de Constellation, programme dont dépendent nombre d’emplois dans divers circonscriptions du pays.