Empêtré dans la crise des accélérateurs, Toyota cherche à redorer son blason

[01/02/2010 21:10:55] NEW YORK (AFP)

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à Richmond en Californie.

Le géant japonais de l’automobile Toyota, forcé de rappeler des millions de véhicules à travers le monde en raison d’une pédale d’accélération défectueuse, a dévoilé lundi sa solution au problème et annoncé le redémarrage de la production aux Etats-Unis dans une semaine.

Le premier constructeur mondial, qui a interrompu aux Etats-Unis la production et la vente de huit de ses modèles les plus populaires, a lancé lundi une grande offensive de charme pour tenter de réparer les dégâts de cette crise qui entache sa réputation.

Jim Lentz, numéro un de Toyota dans le pays, s’est notamment excusé auprès des consommateurs dans un message vidéo: “nous vous avons laissé tomber”, a-t-il admis.

Toyota Motor Sales (TMS), filiale américaine de Toyota, a expliqué lundi avoir “développé et testé rigoureusement une solution” afin d’empêcher le blocage de la pédale en position enfoncée.

Les concessionnaires devraient commencer à recevoir les pièces “mardi, ou mercredi” et l’opération devrait durer “environ une demi-heure” par voiture, a détaillé M. Lentz lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Les réparations pourront commencer “le week-end prochain”.

Toyota n’a pas été en mesure de donner le coût que représente cette gigantesque opération de réparation, ni dans quel délai elle serait accomplie. Il a par ailleurs annoncé que la production des modèles de véhicules ayant fait l’objet du rappel reprendrait lundi prochain.

“Nous ne pouvons faire aucun commentaire” sur la situation en Europe, a-t-il affirmé, alors qu’un porte-parole en Europe avait affirmé plus tôt que le constructeur mettrait en oeuvre “la même solution en Europe” qu’aux Etats-Unis.

Toyota a annoncé vendredi le rappel en Europe de 1,8 million de véhicules (Aygo, iQ, Yaris, Auris, Corolla, Verso, Avensis et RAV4). Ils s’ajoutent aux 2,3 millions de voitures rappelées aux Etats-Unis, aux 270.000 au Canada et aux 75.000 en Chine, qui représentent au total plus que le nombre de voitures vendus par le groupe en un an dans le monde.

Hertz, numéro un mondial de la location de voitures, a de son côté annoncé pendant le week-end qu’il retirait de son catalogue les Toyota incriminées jusqu’à ce que le problème soit résolu.

Le constructeur français PSA Peugeot Citroën a lui aussi rappelé à titre préventif 97.000 voitures Peugeot 107 et Citroën C1 produites dans son usine commune avec Toyota en République Tchèque.

Toyota pourrait en outre avoir bientôt à faire face à des poursuites, alors que des propriétaires, conducteurs et passagers canadiens ont déposé une plainte en nom collectif auprès de la Cour supérieure de l’Ontario, citant des cas de blessures.

L’affaire des pédales d’accélération défectueuse est un cauchemar pour Toyota. Le géant nippon est désormais confronté aux critiques selon lesquelles il aurait sacrifié la légendaire qualité de ses voitures pour mener une croissance à outrance jusqu’à se hisser, en 2008, au premier rang mondial du secteur.

Arrivé à la tête de Toyota il y a moins d’un an, le PDG Akio Toyoda, petit-fils du fondateur du groupe, est resté discret depuis le début de la crise. Il s’est contenté de présenter de brèves excuses à une équipe de la télévision japonaise NHK qui le suivait au forum de Davos, en Suisse.

“Nous sommes extrêmement navrés d’avoir causé de la gêne aux clients”, a dit samedi M. Toyoda, dans ses premières déclarations depuis les rappels massifs.

A la Bourse de Tokyo, l’action Toyota a fortement baissé lundi pour la septième séance d’affilée, perdant 1,14% à 3.450 yens à la clôture. Le titre a lâché près de 18% depuis le 21 janvier.

Les déboires de Toyota et ceux de Honda, qui a annoncé vendredi le rappel de quelque 646.000 voitures dans le monde à cause d’un lève-vitres électrique susceptible de prendre feu, ont affecté les cours de presque tous les constructeurs nippons.