Mise sous pression par l’UE, la Grèce renforce ses mesures d’austérité

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éou, lors d’une conférence économique le 2 février 2010 à Athènes. (Photo : Aris Messinis)

[03/02/2010 09:47:49] ATHENES (AFP) Le Premier ministre grec Georges Papandréou a été contraint d’annoncer des mesures d’austérité supplémentaires en raison des pressions persistantes sur la mauvaise situation des finances publiques de son pays.

Lors d’un message télévisé, appelant tous les partis politiques grecs à soutenir son plan de redressement de l’économie de leur pays, M. Papandréou a révélé mardi soir des nouvelles mesures qui s’ajouteront au plan de réforme soumis à Bruxelles et sur lequel la Commission européenne doit rendre son avis mercredi.

Parmi les mesures figurent le gel total des salaires des fonctionnaires, une hausse de l’âge légal du départ à la retraite, qu’il n’a pas détaillée, et une augmentation des taxes sur les carburants.

Le plan soumis à Bruxelles ne prévoyait qu’un gel des salaires des fonctionnaires “supérieurs à 2000 euros” et une “égalité hommes-femmes” pour le départ à la retraite.

“Il faut agir d’une manière immédiate et efficace, et c’est pour cette raison que j’ai appelé les partis politiques à soutenir cet effort national (…), c’est un devoir national de ne pas laisser le pays au bord du gouffre”, a déclaré M. Papandréou dans une allocution à la nation.

Le chef du gouvernement socialiste s’était entretenu mardi avec les dirigeants de toutes les formations politiques grecques, Antonis Samaras de la Nouvelle démocratie (opposition, droite), Aléka Papariga du Parti communiste (KKE), Georges Karatzaféris du parti d’extrême droite Laos et Alexis Tsipras de la gauche radicale (Syriza).

MM. Samaras et Karatzaféris ont accepté de soutenir les réformes “nécessaires” pour faire sortir le pays de la crise, mais le KKE et le Syriza ont rejeté ces mesures qui, selon Mme Papariga, sont “anti-populaires” et “servent les spéculateurs”.

M. Samaras s’est dit prêt à soutenir “les mesures nécessaires visant à lutter contre l’évasion fiscale et le gaspillage dans les finances publiques”, précisant toutefois qu’il s’opposerait à une éventuelle augmentation de la TVA et qu’il était contre la hausse annoncée des taxes sur les carburants.

La presse grecque était unanime mercredi à qualifier de “fortes” les nouvelles mesures annoncées.

Pour le quotidien proche des milieux d’affaires Kathimerini (libéral) ces “mesures dures” sont un message pour les marchés, et le journal affirmait qu’il s’agit d’un “changement de la politique économique du gouvernement, contraint par la pression asphyxiante des marchés”.

Le journal Eleftherotypia (gauche) soulignait que les trois principales mesures décidées par le gouvernement “n’étaient pas prévues dans le programme électoral” du parti socialiste (Pasok), arrivé au pouvoir en octobre 2009 lors des élections anticipées, convoquées par la droite à l’époque en raison de la mauvaise situation des finances publiques.

De son côte Ethnos (gauche populaire) titrait sur les “mesures-choc dictées par Bruxelles”.

La Commission européenne doit proposer mercredi d’approuver le plan d’économies de la Grèce, l’ayant qualifié de “réalisable” mais “risqué”. Elle a toutefois indiqué qu’elle allait surveiller de façon inédite la mise en place de ce plan, imposant au pays de prendre de nouvelles mesures à chaque écart de conduite.

La Grèce avait envoyé à la mi-janvier à la Commission son plan d’économie budgétaires pour sortir le pays de la crise après la dégradation de sa note d’endettement par les agences internationales de notation.

Ce plan, qualifié “d’ambitieux” par les marchés, comprend une série de mesures d’austérité visant à réduire le déficit public de 12,7% du Produit intérieur brut en 2009 à 8,7% en 2010 et moins de 3% en 2012.