Les discussions s’accélèrent pour sauver l’Airbus A400M

[03/02/2010 17:11:40] PARIS (AFP)

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à Séville (Photo : Eric Piermont)

Les négociations autour de l’Airbus A400M vont s’accélérer dans les prochains jours, pour tenter de trouver rapidement un accord sur le partage des importants surcoûts de l’avion de transport militaire européen.

Une nouvelle réunion est organisée à Berlin jeudi entre les directeurs de l’armement des pays clients et le groupe européen EADS, maison mère d’Airbus, pour discuter du partage des 11 milliards d’euros de dépassement de coûts du programme.

Le même jour, un conseil des ministres franco-allemand se tiendra à Paris, alors que l’Allemagne et la France sont de loin les plus gros clients de l’avion avec respectivement 60 et 50 exemplaires.

Enfin, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN se réunissent jeudi et vendredi à Istanbul. Les sept pays qui ont participé au lancement de l’A400M appartiennent à l’alliance.

“Nous nous verrons en marge de cette réunion de l’OTAN avec encore aujourd’hui comme horizon d’arriver à conclure d’ici la fin de la semaine”, affirmait lundi le ministre français de la Défense, Hervé Morin.

“Les Français et les Allemands sont plus proches qu’ils ne l’étaient il y a quelques semaines”, ajoutait-il, alors que l’Allemagne s’est montrée dernièrement la moins disposée à accorder une rallonge financière à Airbus.

L’intensification des pourparlers et le rapprochement des positions des pays semblent indiquer qu’une issue devient plus probable. “C’est plutôt positif. ?a avance”, indique-t-on de source proche des négociations.

Mais le calendrier n’est “pas à quatre ou cinq jours près” et il n’est pas acquis qu’une solution soit trouvée cette semaine, ajoute une autre source.

Le contrat signé en 2003 était de 20 milliards d’euros pour 180 appareils à livrer à sept pays (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie).

Mais le développement a été plus long et complexe que prévu. Le premier avion ne sera pas livré avant le début 2013, à la France, avec au moins trois ans de retard sur le calendrier initial.

Un terrain d’entente a déjà été trouvé, après de longs mois de discussions, sur les spécifications techniques de l’appareil et un nouveau calendrier de livraison. Le coeur du problème est désormais financier.

Les pays clients étaient dernièrement disposés à payer au maximum 2 milliards d’euros supplémentaires, soit moins que la rallonge de 4,4 milliards désormais réclamée par Airbus.

L’avionneur fait valoir que les gouvernements portent une partie de la responsabilité des problèmes, notamment pour avoir imposé un consortium de motoristes européens sur l’avion, rendant son développement plus complexe.

Le temps presse désormais, alors qu’Airbus a menacé d’arrêter le programme si une solution n’était pas trouvée rapidement. Une date-butoir avait même été fixée au 31 janvier dernier.

EADS a déjà provisionné 2,4 milliards d’euros en raison des difficultés de l’A400M et réclame plus de visibilité. D’autant qu’Airbus dépense 100 à 150 millions d’euros par mois sur l’appareil, à l’heure où il a d’autres défis à relever dans l’aviation civile, à commencer par la montée en cadence problématique de son gros porteur A380 et le lancement de son futur long-courrier A350.

Un abandon pur et simple de l’A400M paraît toutefois improbable aux yeux de la plupart des observateurs.

Certains pays ont besoin rapidement de capacités de transport, à l’exemple de la France, dont les Transall sont en fin de vie. Un échec apparaîtrait aussi comme grave pour l’image de l’Europe de l’armement et pour celle d’EADS. Enfin, les syndicats soulignent que le programme doit employer 40.000 personnes à terme.