Seule l’Asie échappe à la crise pour les budgets militaires

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études stratégiques (IISS) présenté le 3 février 2010 à Londres (Photo : Carl de Souza)

[03/02/2010 14:20:04] LONDRES (AFP) La crise économique a eu un fort impact en 2009 sur les budgets de la défense dans le monde, à l’exception des pays asiatiques, et a renforcé la nécessité d’une réflexion stratégique sur l’évolution des conflits, selon l’IISS qui présentait son rapport annuel, mercredi à Londres.

Dans son “Military Balance 2010”, sur l’état des forces armées dans le monde, l’Institut international d’études stratégiques (IISS) examine les économies réalisables.

“A la lumière des sévères contraintes financières, l’accent mis sur les partenariats, le partage du travail et les alliances deviendra certainement important en théorie mais, comme toujours, difficile en pratique”, a remarqué à ce propos John Chipman, directeur général de l’IISS, lors d’une conférence de presse accompagnant la publication du rapport.

Seule l’Asie, Inde et Chine en tête, semble ne pas sentir les effets de la crise et rester déterminée à accroître ses dépenses militaires. “Contrairement aux développements dans les économies développées, l’Inde et la Chine ont maintenu leur récente tendance de hausse à deux chiffres”, note l’IISS.

L’Inde a ainsi augmenté de 21% ses dépenses à la suite des attentats de Bombay qui avaient fait 166 morts en novembre 2008. “D’autres Etats asiatiques, comme l’Australie, l’Indonésie et Singapour ont également annoncé des hausses” de leurs dépenses, remarque l’IISS.

Ailleurs, les budgets de défense doivent s’adapter aux contraintes budgétaires.

Aux Etats-Unis, où les dépenses militaires avaient quasiment doublé sous le double mandat du président George W. Bush, l’année 2009 a ainsi marqué la fin de cette “phase de hausse des dépenses de défense”, constate l’IISS.

Toujours engagés en Irak et en Afghanistan, un pays dans lequel le président Barack Obama a annoncé l’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires à la fin 2009, les Etats-Unis doivent “réajuster radicalement leurs priorités”, prévient l’institut.

En Russie, un important projet de remplacement de l’équipement prévu sur la période 2007-2015 a dû être abandonné et sera remplacé par un nouveau plan décennal en 2011, également sous la pression du déficit public.

Parmi les membres européens de l’Otan, seuls la Norvège et le Danemark devraient augmenter leur budget de défense en 2010, et la plupart des autres pays se contenteront de les reconduire ou de simplement les ajuster en fonction de l’inflation.

Ces considérations financières s’accompagnent d’une nécessaire réflexion stratégique, en particulier sur l’évolution de la menace et l’impact de la guerre informatique, estime l’IISS.

“Nous sommes maintenant à l’égard du problème de la guerre informatique au même stade de développement intellectuel que nous étions dans les années 1950 à l’égard d’une possible guerre nucléaire”, a prévenu M. Chipman.

Sur l’Afghanistan, l’institut a salué la stratégie de réconciliation avec les talibans présentée en détail lors de la conférence de Londres fin janvier, mais avertit que pour qu’elle fonctionne, elle nécessite une “politique très bien conçue et des institutions efficaces”.

Nigel Inkster, un expert de l’IISS, a mis en doute la volonté du Pakistan, déjà confronté à la menace terroriste sur son sol, de faire pression sur les talibans positionnés en Afghanistan. Il “n’a pas l’intention de le faire”, a-t-il affirmé.

L’IISS a aussi appelé la coalition à maintenir son engagement en Irak, où “l’influence iranienne dans la politique intérieure sera une question clé en 2011”.

Concernant l’Iran, l’IISS a noté qu’il éprouvait certaines “difficultés techniques” dans la mise en oeuvre de son programme nucléaire.

M. Inkster a souligné que s’il existait un “certain degré d’engagement tactique prudent” entre l’Iran et Al-Qaïda, il y avait “très peu d’indices” d’une véritable collaboration, les deux n’étant pas des “alliés naturels”.