La monnaie unique tombe au plus bas depuis mai, la zone euro inquiète

[05/02/2010 15:15:22] LONDRES (AFP)

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évrier 2009 à février 2010

L’euro est tombé vendredi au plus bas depuis huit mois et demi face au dollar, chutant sous 1,37 dollar, pénalisé par les inquiétudes persistantes liées aux difficultés budgétaires de pays de la zone euro, le tout sur fond d’anxiété concernant la solidité de la reprise mondiale.

L’euro a atteint vendredi 1,3648 dollar vers 08H30 GMT (09H30 à Paris), son niveau le plus bas depuis le 20 mai 2009, perdant ainsi 2,4% de sa valeur en une semaine.

Les craintes persistantes liées aux difficultés budgétaires de plusieurs membres de la zone euro, dont la Grèce, l’Espagne et le Portugal, poussent les investisseurs à privilégier les placements jugés moins risqués, comme le billet vert, traditionnelle valeur refuge en cas d’inquiétudes sur les marchés.

Ce mouvement s’est renforcé ces dernières 24 heures, qui “ont été terribles pour les marchés mondiaux, les Bourses, les matières premières et les monnaies ayant chuté un peu partout (…), les investisseurs fuyant les actifs risqués au profit de la sécurité relative que représente le dollar”, commentait ainsi Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

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Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget)

La Banque centrale européenne (BCE) a pourtant salué jeudi les efforts de la Grèce pour sortir de sa sévère crise budgétaire et appelé tous les pays de la zone euro à mettre au point des stratégies claires en vue d’assainir leurs finances publiques.

De son côté, la Commission européenne va mettre la Grèce sous une surveillance étroite et d’une ampleur inédite afin de s’assurer qu’elle prendra les mesures qui s’imposent pour résoudre sa crise budgétaire, après avoir approuvé mercredi le plan d’économies du gouvernement grec.

Le gouvernement espagnol a pour sa part remis cette semaine à la Commission européenne une “actualisation du programme de stabilité 2009-2013”, mais il a également indiqué que la dette publique du pays devrait se creuser jusqu’en 2012 à 74,3% du PIB, avant de commencer à refluer en 2013.

Mais ces démarches n’ont pas suffi à rassurer les investisseurs, qui ne pensent pas que la Commission prendrait le risque de retoquer les plans présentés par ces Etats.

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à Sao Paulo (Photo : Mauricio Lima)

“La non-approbation des plans budgétaires de l’Espagne, du Portugal ou de la Grèce encouragerait l’incertitude qui règne sur les marchés (…) et en effet augmenterait les craintes qu’une modification de la structure de l’Union monétaire est nécessaire”, soulignait Jane Foley, analyste chez Forex.com.

Pourtant, “le marché doute de plus en plus de la capacité de chaque gouvernement européen concerné à redresser lui-même ses finances, malgré les commentaires rassurants de ces gouvernements, et même de la BCE”, ajoutait M. Hewson.

Les cambistes craignent désormais la nécessité d’une intervention musclée de l’Europe, voire un appel à l’aide auprès du Fonds monétaire international (FMI), pour permettre à ces états de surmonter ces difficultés sans précédent.

Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a suggéré ce jeudi aux pays de la zone euro “d’aider d’une façon ou d’une autre” la Grèce pour qu’elle surmonte ses problèmes, mais le président de la BCE Jean-Claude Trichet a pour sa part répété qu’il n’y aurait aucune exception aux règles budgétaires européennes.

Selon Mme Foley, les gouvernements concernés vont devoir faire leurs preuves, et “il faudra encore des mois avant que ne soit écarté tout risque de sauvetage par la BCE ou le FMI”.

En plus de ces craintes de défaillance en Europe, la solidité de la reprise mondiale inquiète aussi, après notamment de mauvais chiffres des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis jeudi.

“Le chômage reste le plus grand obstacle auquel doit faire face la reprise économique, et tant que ce problème persiste, l’économie restera déprimée”, a commenté James Hughes, analyste chez CMC Markets.