à Caen le 14 décembre 2007 (Photo : Mychele Daniau) |
[05/02/2010 09:22:20] PARIS (AFP) La naissance d’un enfant est une étape cruciale pour les banques, qui tentent de séduire parents, grands-parents et proches avec des produits d’épargne tels que Livret A et contrat d’assurance vie pour entamer une relation et transformer plus tard ce nouveau-né en client.
“C’est une conquête du marché qui est vitale”, souligne-t-on au Crédit Mutuel au sujet de ce premier contact avec l’enfant.
“Lorsqu’un jeune ouvre un livret, il y a de fortes chances qu’il entame sa relation bancaire chez nous”, renchérit-on au Crédit Agricole.
Conscientes de l’enjeu, les banques poussent les produits d’épargne vers les proches de l’enfant, par le biais des conseillers de clientèle et de dépliants publicitaires, dont certains tracent même leur route jusque dans les maternités.
Vieille de plus de cinquante ans, la fameuse boîte rose, ou “pack naissance”, est en effet distribuée dans les chambres à 660.000 nouvelles mamans par an, avec force échantillons et coupons, parmi lesquels une proposition d’ouverture d’un Livret Bleu du Crédit Mutuel avec 20 euros offerts.
“Nous avons accepté de relayer cette offre car elle est positive pour les jeunes couples, en présentant une première démarche +épargne+, légitime à ce moment de la vie de famille et présente une vraie valeur économique”, argue Christine Gandon, directrice générale de Family Service, qui distribue les boîtes roses.
S’ils restent aux portes des hôpitaux, les autres établissements proposent, outre le Livret A, valeur sûre, les livrets Tiwi (Crédit Agricole), Zébulon (LCL) et Première épargne (CIC), avec une rémunération similaire, environ 1,25% net, à l’exception du dernier, qui offre 2,75% brut.
A l’instar du Crédit Mutuel, le Crédit Agricole (15 euros), la Société Générale (jusqu’à 20) et BNP Paribas (15) offrent, ou ont offert au moment des fêtes, d’effectuer un premier versement sur le livret de l’enfant.
La bataille fait aussi rage sur le terrain des cadeaux à l’ouverture des livrets, du “doudou Roland Garros” (BNP Paribas) à “l’adorable doudou lapin” (Crédit Agricole) en passant par la tirelire (Société Générale).
Selon un banquier, jusqu’à un quart des nouveaux Livrets A ont été ouverts certaines années au nom de nouveaux-nés. Le Crédit Agricole a, lui, ouvert 1,66 million de livrets Tiwi depuis la création du produit, en 2000.
“Il y a un volume conséquent d’ouvertures sur les 0-11 ans et cela a toujours été le cas”, explique Fabrice Labarrière, directeur marketing banque de détail à la Caisse d’Epargne.
“Mon père a ouvert un livret Première épargne au CIC au nom de mon fils”, explique Damien, jeune père de Joseph. “Cela permettra, plus tard, de l’initier à la valeur de l’argent”.
“Il a fait la même chose pour ses deux autres petits-fils”, ajoute-t-il. “Cela ne coûte pas très cher aux banques, car la rémunération est assez faible, et souvent, cela crée des clients pour la vie”, conclut-il.
Ce ne sont ainsi pas tant les sommes déposées sur les livrets, souvent assez modestes, qui intéressent les banques, que le premier point d’appui que constituent ces produits d’épargne pour développer une relation bancaire.
Le raisonnement est le même pour les contrats d’assurance vie, dont les banques proposent souvent des versions adaptées aux très jeunes enfants avec possibilité de faibles versements.
Au Crédit Mutuel, le Livret Avenir (qui est bien un contrat d’assurance vie malgré son nom) “marche très bien et les sommes déposées sont souvent supérieures à celles mises sur le Livret Bleu”, précise la banque.