Soldes : un cru 2010 globalement “moyen-moyen” mais l’e-commerce euphorique

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êt-à-porter à Paris (Photo : Thomas Coex)

[06/02/2010 09:34:28] PARIS (AFP) Malgré les rabais et un large choix, le cru 2010 des soldes d’hiver a été “moyen-moyen” de l’aveu même des commerçants, à l’exception des grands magasins et des boutiques en ligne. La neige, qui a bloqué l’accès à des magasins, et la crise sont montrés du doigt.

“La baisse est quasi générale”, explique Evelyne Chabalier de l’Institut français de la mode (IFM). La grande majorité des circuits de distribution ont subi un recul des ventes, selon les premières estimations des acteurs du secteur, interrogés par l’AFP.

Dans le sillage d’une année 2009 noire pour le textile (-4% de ventes environ en valeur), les ventes des soldes d’hiver, qui s’achèvent mardi, devraient avoir reculé entre -2% et -5%, selon Pascale Hebel, directrice du département consommation au Crédoc.

Dans les centres commerciaux, les ventes ont diminué de 3% par rapport à l’hiver dernier, affirme Jean-Marie Silberstein, délégué général du Conseil national des centres commerciaux (CNCC). Le chiffre d’affaires devrait avoir baissé de 2 ou 2,5%, ajoute-t-il.

“C’est moyen-moyen”, résume Jean-Marc Genis, président de la Fédération des enseignes de l’habillement (FEH), dont les adhérents totalisent 40% du marché. “Ce n’est pas un cru formidable. C’est mitigé”, renchérit M. Silberstein.

D’après une enquête de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, plus de la moitié des commerçants parisiens sont déçus par les soldes d’hiver.

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à Strasbourg (Photo : Frederick Florin)

Les stocks de vêtement et les rabais (-50% en moyenne) proposés étaient pourtant équivalents à ceux de l’année dernière, dont les niveaux étaient “anormalement élevés”, selon le CNCC. Mais les clients ont été moins nombreux et ont peu dépensé, souligne M. Genis.

“On a enregistré une érosion de la fréquentation, de l’ordre de 5% dans les centres commerciaux par rapport à l’hiver 2009”, avance M. Silberstein.

D’autres ont néanmoins réussi à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas des grands magasins (Galeries Lafayette, Printemps, BHV, Bon Marché) -6% du marché-, dont “les chiffres du mois de janvier 2010 sont bons”, affirme Claude Boulle de l’Union du grand commerce de centre ville (UCV). Les Galeries Lafayette font état d’une croissance de 5% de leurs ventes.

La Fédération nationale de l’habillement (FNH), qui représente les détaillants indépendants – près d’un cinquième du marché- annonce une progression de 3% des ventes de ses adhérents, grâce à “l’achat des vêtements chauds”.

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Une personne consulte un site internet avant d’acheter en ligne (Photo : Denis Charlet)

Sur internet, c’est l’euphorie: +19% en plus de ventes cet hiver par rapport à 2009, selon la Fédération du commerce en ligne et de la vente à distance (Fevad), même si l’e-commerce ne représente que 4,5% du commerce de détail. Les soldes, qui durent cinq semaines, y avaient d’ailleurs démarré en fanfarre le 6 janvier.

La neige, tombée à gros flocons les premiers jours, y avait largement contribué, rendant “inaccessibles” un grand nombre de magasins, “qui ont connu une baisse conséquente du chiffre d’affaires”, notamment à l’Ouest de la France, indique M. Genis.

La crise a par ailleurs contraint les consommateurs, inquiets de la montée du chômage et de la baisse de leur pouvoir d’achat, à sacrifier leurs dépenses d’habillement, relève Mme Hebel.

La plupart des acteurs déplorent la multiplication des promotions, des ventes privées, des dépôts-ventes et la mise en place des “soldes flottants”, c’est-à-dire les deux semaines de soldes supplémentaires que les commerçants ont le droit d’organiser, à des dates qu’ils choisissent.

Ces opérations habituent les clients, arguent-ils, à acheter à petit prix toute l’année et dénaturent la période des soldes.

Selon Mme Hebel, “avant les soldes étaient un rituel. On repérait un article, on mettait de côté une cagnotte. Maintenant quand elles arrivent, les consommateurs ont déjà fait les bonnes affaires”.