Bouteilles de Budvar Budweiser. (Photo : Michal Cizek) |
[06/02/2010 09:49:06] PRAGUE (AFP) Depuis des générations, les Tchèques adorent leur bière et en boivent plus que toute autre nation du monde. Et les habitudes des buveurs de ce pays sont restées inchangées en dépit de la crise internationale.
Les résultats détaillés de la consommation en 2009 ne seront dévoilés qu’à la fin février au plus tôt, mais il est clair désormais que les Tchèques gardent la première marche du podium, selon Jan Vesely, chef de l’Association tchèque de brasserie-malterie.
“A coup sûr, nous sommes leaders mondiaux quant à la consommation par tête d’habitant”, assure-t-il malgré une baisse attendue d’environ 7% de la consommation, entre 2008 et 2009.
En 2008, les Tchèques ont consommé quelque 155 litres de leur boisson fétiche par an et par habitant.
“Même si la consommation annuelle tombe à 150 litres, nous serons toujours devant l’Irlande, qui a affiché 133 litres en 2008 et qui va sûrement accuser aussi une baisse”, a dit M. Vesely dans un entretien à l’AFP.
“Malgré une situation économique difficile, les gens ici ne sont pas prêts à renoncer à leur passion de longue date, contrairement aux habitants des pays où la tradition de la bière est moins forte”, estime-t-il.
Le seul changement à noter, c’est que le nombre d’étrangers qui viennent à Prague à la recherche de la bière locale renommée a diminué avec la crise et que les Tchèques, eux, optent dans une plus grande mesure que précédemment pour la bière en bouteille, moins chère que la bière pression.
La baisse attendue de la consommation sera ainsi en partie due au recul d’environ 10% du nombre de touristes étrangers venus en République tchèque en 2009.
Ce recul a été provoqué par la “baisse générale de l’intérêt pour la République tchèque en tant que destination touristique et par la récession économique mondiale”, estime l’analyste Jaromir Beranek de l’agence Mag Consulting, spécialisée dans les études de marché sur le tourisme.
Le premier brasseur tchèque, Plzensky Prazdroj, contrôlé par le sud-africain SABMiller, a vu ses ventes sur le marché national baisser de 4,5%, entre 2008 et 2009.
Les ventes de Budejovicky Budvar, troisième brasserie tchèque, détenue à 100% par l’Etat, ont quant à elles reculé de 4,9% en 2009, selon son responsable des ventes, Robert Chrt.
“Nous sommes premiers pour la consommation par tête d’habitant, et de cette position il n’y a qu’un seul chemin, vers le bas”, avertit-il.
Interrogé par l’AFP, M. Chrt a rappelé que les Tchèques consomment désormais plus de bière en bouteille à domicile. “Les prix dans les restaurants ont commencé à grimper, ce qui se reflète sur la consommation”, affirme-t-il.
M. Vesely partage cette opinion. Comme le prix d’une bière pression dans un restaurant correspond grosso modo à celui de deux bières bouteille achetées dans un magasin, les gens “achètent la même qualité pour un prix moins élevé”.
Cette tendance a conduit Budejovicky Budvar et d’autres brasseries tchèques à mettre sur le marché des marques moins chères afin de satisfaire les buveurs plus économes, sans pour autant renoncer à leurs marques vedettes.
Le marché tchèque de la bière a été également affecté par la décision du Parlement d’augmenter à partir du début 2010 la taxe sur la bière dans le cadre d’un train de mesures adopté par le gouvernement du Premier ministre Jan Fischer, pour réduire le déficit budgétaire de l’Etat.
“Nous (les brasseurs) comprenons en tant que citoyens loyaux cette décision, mais elle n’est pas équitable”, s’indigne M. Vesely. “Il semble que nous soyons davantage prédestinés que les autres à aider l’Etat”, dit-il.
“A mon avis, les hommes politiques qui souhaitent vraiment aider les gens ordinaires, ne laisseront jamais le prix de la bière augmenter”, affirme M. Vesely.