Pour les PME, la reprise n’est encore qu’un “frémissement”

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ée d’une PME spécialisée dans le service à la personne personne, le 30 janvier 2007 à Saint-Aubin-sur- Mer. (Photo : Mychele Daniau)

[07/02/2010 10:06:28] PARIS (AFP) Les PME françaises, en première ligne l’an dernier face à la récession, ne sentent aujourd’hui qu’un “frémissement” de reprise et s’inquiètent plus que jamais du “manque de soutien” des banques, pourtant décisif pour tourner la page de la crise.

“Le sentiment général est que ça s’arrange plutôt, qu’on a touché le fond”, résume le secrétaire général de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, à l’issue du Salon des entrepreneurs qui s’est tenu cette semaine à Paris.

“Les carnets de commande sont dans l’ensemble en train de reprendre un peu de vigueur”, même si la situation est “naturellement très diverse selon les secteurs”, note-t-il. Toutefois “la visibilité reste mauvaise”.

“Nous ne ressentons pas vraiment la reprise économique. On peut parler plutôt d’un frémissement”, confirme Gérald Barbier, gérant d’une petite société de distribution de luminaires haut de gamme, SDME, qui a participé au salon.

M. Barbier a vu les ventes de sa société baisser de manière “très importante” entre juin 2008 et fin 2009, “de l’ordre de 20%”. “Ca rebouge un peu en ce moment, mais ce qui nous manque toujours, ce sont des projets d’architectes moyens ou importants”, explique-t-il.

Florian Delpierre, gérant de l’agence de design parisienne Iconomedia, a lui aussi traversé une très mauvaise passe en 2009 et se montre encore plus circonspect. “Globalement je ne sens pas la reprise”, assure-t-il.

En octobre, M. Delpierre a dû réduire son personnel de 10 à 6 personnes. “Nous travaillons pour de grosses entreprises, comme Coca Cola, Heineken, Bonduelle. On note une petite reprise de leurs budgets, mais nous craignons une rechute”, poursuit-il.

Certaines dirigeants de PME plus importantes se montrent plus optimistes, comme Mathilde Thomas, propriétaire-gérante de Caudalie, société de cosmétiques à base de pépins de raisin qui emploie près de 500 personnes. “Au premier semestre 2009 on s’est retrouvé en négatif pour la première fois en quinze ans. Mais en fait, la crise nous a fait beaucoup de bien”, assure-t-elle. “Cela nous a incités à enlever du gras” et aujourd’hui, Caudalie “compte repartir de l’avant en s’attaquant aux marchés chinois et américain”.

La plupart des patrons de PME venus au salon s’accordent en revanche à critiquer le comportement des banques à leur égard.

“Avec les banquiers, c’est pire qu’avant!”, s’emporte M. Delpierre. “C’est simple: ils ne prêtent de l’argent qu’à ceux qui en ont déjà!. Je suis furieux. On ne peut compter que sur soi-même”.

“Le vrai problème, ce sont les banques, qui ne vous font aucun cadeau!”, renchérit Stéphane Treppoz, directeur général de la société de vente de chaussures par Internet Sarenza. Sa petite société (moins de 50 employés), “méga-rentable et en extrême croissance” s’est adressée sans succès à une demi-douzaine de banques, avant qu’il se décide finalement en septembre à emprunter à titre personnel. “Quand je vois comment nous avons dû galérer pour récupérer une ligne de crédit de deux millions d’euros, c’est une honte!”, juge-t-il.

Malgré les rappels à l’ordre du gouvernement aux banques, il “est trop tôt pour dire que celles-ci feraient preuve de plus de souplesse à l’égard des entreprises”, confirme M. du Mesnil du Buisson. “La situation est très difficile, notamment en ce qui concerne la trésorerie des plus petites. Un impayé de quelques milliers d’euros peut être catastrophique”.

“Beaucoup de responsables de ces petites entreprises ont le sentiment d’être baladés par les banques”, relève-t-il. “Une réponse qui vient trois mois après, c’est trop tard”.