Olivier François, un Français aux commandes du destin de Chrysler et Lancia

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çois à Turin le 5 février 2010 (Photo : Giuseppe Cacace)

[08/02/2010 08:54:10] TURIN, Italie (AFP) Depuis 2005 à la tête de la marque italienne Lancia, le Français Olivier François tient aussi depuis octobre les rênes de l’américaine Chrysler et jongle entre les deux rives de l’Atlantique pour leur forger un destin commun.

“Ces deux marques ont un ADN extrêmement proche et partagent des valeurs de style, d’innovation”, déclare à l’AFP dans son bureau de Turin (nord) ce manager de 48 ans au look décontracté.

Fiat a pris le contrôle opérationnel de Chrysler, dont il détient 20%, depuis la sortie de la faillite de l’américain en juin, et les deux groupes misent sur leurs synergies pour se hisser dans la hiérarchie de l’automobile.

Dans ce cadre, le directeur général des deux constructeurs, Sergio Marchionne, a confié à M. François la tâche de donner naissance à une nouvelle gamme commune Lancia-Chrysler.

Ces deux marques ont pour l’instant des limites en terme de modèles, Lancia n’en a pas de très grands et Chrysler pas de petits, et de géographie, la marque italienne étant presque uniquement cantonnée à la péninsule tandis que l’américaine est peu présente en Europe.

“De deux marques régionales, on en fera une globale” dont les premiers modèles sortiront en 2012 avant que la gamme ne soit complète en 2014, souligne M. François. La décision de garder le nom d’une marque ou de l’autre selon les marchés n’a pas encore été arrêtée.

M. François ne doute pas une seconde du succès des gros modèles Chrysler en Europe. “Je ne me fais aucun souci car on va greffer le style européen sur les voitures américaines. Il y a un marché ici pour les grosses voitures, à part les Allemands, on n’en fabrique pas”, souligne-t-il.

“Passionné d’automobile”, Olivier François a fait ses classes chez Citroën dont il a dirigé la filiale au Danemark puis en Italie, deux pays dans lesquels il a réussi à augmenter la part de marché grâce notamment à un gros travail sur le marketing et la publicité.

C’est alors qu’il est repéré par Sergio Marchionne, arrivé depuis un an à la tête d’un groupe Fiat au bord du gouffre, qui le nomme en 2005 chez Lancia.

Le patron italo-canadien pousse le côté créatif de ce Français un peu “artiste” qui écrit de la poésie et a monté une société de production musicale dans sa jeunesse. Il lui a confié depuis la responsabilité de la stratégie marketing et publicitaire des marques du groupe Fiat (Fiat, Lancia, Alfa Romeo) et du groupe Chrysler (Chrysler, Dodge, Ram, Jeep).

Depuis son arrivée à Detroit, Olivier François s’est attaqué à “l’image brouillée” des marques de Chrysler. “En trois mois, on a fait ce qu’on a mis des années à faire chez Fiat: accoucher d’un positionnement clair pour chaque marque”, la recette du succès selon lui.

Afin de prouver que Chrysler est de retour, le groupe s’est même offert la diffusion dimanche lors du Superbowl d’un spot de 60 secondes pour sa marque Dodge, “vu par 90 millions d’Américains”, s’enthousiasme M. François.

En attendant l’arrivée de la gamme commune Lancia-Chrysler, il voit 2010 comme “l’année pour reconstruire” la marque américaine. “Le plancher des ventes a été atteint” et la marque va se relancer avec de nouveaux modèles qui sortiront à la fin de l’année, dit-il.

Sa mission n’est pas une sinécure. “C’est dix-neuf heures de travail sept jours sur sept” et “deux à trois semaines par mois” aux Etats-Unis, confie-t-il en enchaînant les cigarettes, deux Blackberry posés devant lui.

“Mais on ne peut pas faire autrement. On a un véritable sens de l’urgence” pour ramener Chrysler aux profits et rembourser la Maison Blanche qui a renfloué le groupe, note-t-il.