Bourse : redémarrage prudent en Europe, Wall Street reste méfiant

[08/02/2010 22:17:47] PARIS (AFP)

photo_1265644758282-4-1.jpg
à Tokyo le 8 février 2010. (Photo : Yoshikazu Tsuno)

Après une brève panique jeudi et vendredi liée à l’endettement de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal, les Bourses européennes ont redémarré prudemment lundi, sans dissiper totalement les craintes de Wall Street qui a ouvert en baisse avant de se stabiliser, ni de Tokyo en recul.

Les Bourses de Paris, Francfort et Londres, après un bon démarrage, ont terminé en hausse, sans pour autant s’affranchir des inquiétudes quant à la solvabilité des pays de l’Europe du sud: l’indice CAC-40 à Paris affichait +1,22% en clôture, le DAX à Francfort +0,93% et le Footsie-100 à Londres +0,62%.

Après sa dégringolade face au billet vert, l’euro s’est stabilisé autour de 1,37 dollar, malgré des pressions persistantes, ce qui a conforté les marchés européens. A 16H30 GMT, il affichait 1,3705 dollar.

Victime de ventes massives en raison des déficits publics en zone euro, la monnaie unique européenne était tombée vendredi à son plus bas face au dollar depuis mai -jusqu’à 1,3586 en séance- et face au yen depuis avril.

A Tokyo, la Bourse a clôturé en baisse de 1,05%, l’indice Nikkei terminant à 9.951,82 points, sous les 10.000 points pour la première fois depuis le 10 décembre. Recul également à Shanghai (-0,14%) et Hong Kong (-0,58%).

A New York, la Bourse était hésistante, dans un marché toujours morose et méfiant vis-à-vis des difficultés budgétaires en Europe: à 16H30 GMT le Dow Jones perdait 0,14% et le Nasdaq gagnait 0,29%.

Depuis plusieurs jours, observateurs et analystes s’inquiètent en effet de l’état des finances publiques de l’Espagne et du Portugal, agitant l’épouvantail de la Grèce, dont les déficits et la dette publics sont si élevés que la Commission européenne a décidé mercredi de placer le pays sous une quasi-tutelle.

Un plan de crise qui ne semblait pas du goût du syndicat des fonctionnaires grecs (Adedy) qui a sonné la mobilisation lundi contre les “sacrifices injustes et inefficaces”, à deux jours de la première grève nationale du secteur public contre cette cure de rigueur.

Côté espagnol, le ministère de l’Economie a annoncé la réduction de 34% en 2010 du volume de ses émissions obligataires, à un total de 76,8 milliards d’euros.

photo_1265625486524-4-1.jpg
éunion des ministres des finances et des responsables bancaires du G7 à Iqaluit (Canada) le 6 février 2010. (Photo : Geoff Robins)

La confiance affichée par les pays européens membres du G7, réunis ce week-end au Canada, dans la capacité de la Grèce à affronter sa pire crise financière depuis trente ans, n’a pas rassuré tous les marchés.

L’agence de notation Fitch s’est montrée, elle aussi, optimiste lundi assurant qu’il n’y avait pas de risque de “contagion” à d’autres pays de la zone euro de la crise.

Un espoir alimenté en outre par des “rumeurs d’un plan de sauvetage imminent de l’UE, qui devrait procurer un peu de stabilité aux marchés”, a expliqué Arifa Sheikh-Usmani, de la maison de courtage Spreadex.

Certains soulignaient en outre que la baisse du taux de change de l’euro constituait un soulagement pour les exportateurs européens.

Les analystes restent pourtant méfiants pour les semaines à venir, surtout au Japon, par ailleurs affecté par les déboires de ses groupes historiques Japan Airlines et Toyota.

“La principale inquiétude du marché est la situation budgétaire en Europe, et ce problème ne va pas se résoudre du jour au lendemain”, a commenté Tsuyoshi Kawata, stratège chez Nikko Cordial.

“Une tendance baissière, au-delà d’un rebond technique à court terme toujours possible, semble s’être mise en place sur les marchés actions”, a renchéri à Paris Christian Parisot, économiste chez Aurel.

Si les marchés anticipent durablement des politiques d’austérité, “la croissance des prochaines années devrait être révisée à la baisse avec une hausse de la fiscalité ou un recul des dépenses des Etats”, ajoute-t-il.