Quand on entend le discours ambiant sur les microcrédits, on croit comprendre
qu’il s’agit d’un domaine exceptionnellement employeur puisque ce discours est
tenu par des institutions du haut du pavé comme la
Banque mondiale aussi bien
que par des Etats. Seulement, la vérité est ailleurs !
Selon Michael Cracknell, de la direction
d’Enda Inter-arabe, l’une des
associations de développement les plus en vue en Tunisie, les chiffres laissent
pensif : ‘’Parmi les 123 mille clients d’Enda inter-arabe à la fin de 2009, et
selon une enquête menée par notre équipe de recherche, seulement quelque 15% de
nos clients emploient une personne ou plus à plein temps alors que, souvent, un
membre de la famille ‘tient la boutique’ provisoirement à un moment donné au
cours de la journée.
Et quand on monte vers le niveau générique, les choses ne font qu’empirer. Car,
d’après une étude du Bureau international du travail (BIT), les conditions
d’emploi dans les micro-entreprises dans le monde laissent souvent à désirer :
salaires en dessous du minimum légal, pas toujours payés ou payés en retard,
horaires hors normes, sécurité mal assurée…
On est passablement choqué d’entendre de telles choses alors que, pendant des
années, innombrables sont les sources qui ont décrit les micro-entreprises comme
autant de nouveaux Eldorados où la création de richesse se faisait sous l’adage
‘’Les petits ruisseaux font les grandes rivières !’’. Il y a même un banquier
international spécialisé dans les microcrédits qui a été honoré par toute la
planète.
Mais il y a une grosse surprise dans toute cette affaire : le fait que les
institutions de micro-finance elles-mêmes créent des emplois stables et en
nombre croissant ! Par exemple, le personnel d’Enda est passé de 44 en 2001 à
683 aujourd’hui, avec 84% de jeunes diplômés pratiquement fifty-fifty
hommes/femmes.