Sombres perspectives pour l’emploi en France dans la filière automobile

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ée de PSA Peugeot Citroën le 24 novembre 2009 à l’usine de Sochaux-Montbeliard (Photo : Sébastien Bozon)

[09/02/2010 17:37:47] PARIS (AFP) Les perspectives concernant l’emploi dans la filière automobile en 2010-211 restent sombres en France, avec 45.000 suppressions envisagées par le gouvernement chez les équipementiers et les sous-traitants, la crise n’ayant fait qu’accentuer une tendance lourde.

Cette évaluation a été réalisée par un groupe de travail mis sur pied par le ministère de l’Industrie qui, après avoir aidé Renault, Peugeot et certains équipementiers en 2009, se penche maintenant sur les milliers de PME du secteur.

Si le nombre d’immatriculations en France l’an dernier a connu une année record -la meilleure depuis 1990 avec 2,27 millions- et si les constructeurs français ont contenu la baisse de leurs ventes mondiales, la production ne cesse de diminuer, ce qui impacte fortement équipementiers et sous-traitants.

Selon le rapport remis à Christian Estrosi fin novembre, la production en France s’est même écroulée depuis 2005, tombant de 3,5 millions de véhicules à deux millions en 2009.

Renault produit désormais 25% de ses voitures en France et PSA Peugeot Citroën un peu plus de 47%.

Dans ce contexte de forte délocalisation de la production, les emplois chez les équipementiers et sous-traitants en France sont passés de 320.000 en 2005 à 265.000 fin 2009.

Et pour 2010-2011, le groupe de travail présidé par Claude Cham, président de la Fédération des industries d’équipements pour les véhicules (FIEV), pronostique 40.000 à 50.000 suppressions d’emplois supplémentaires en mettant en avant d’importants “sureffectifs”.

La litanie des plans sociaux de 2009, ceux qui ont fait la Une de l’actualité (Continental, Molex, Valeo, Heuliez, Trèves, etc.) comme les plus discrets (Bosal, Mecaplast, etc.) pourrait donc se poursuivre.

Les filières de plasturgie, du caoutchouc et du moulage-outillage devraient être particulièrement touchées.

Lundi, Yann Delabrière, le Pdg de Faurecia, qui a supprimé 4.000 postes dans l’Hexagone l’an dernier, a dit avoir stabilisé son dispositif industriel mais a évoqué “un problème de structure de l’équipement automobile en France”.

Dans ce contexte, le gouvernement a mis en place en septembre une “commission pour le soutien aux sous-traitants” et annoncé fin novembre des mesures pour soutenir “la structuration de la filière”.

Un fonds spécial de 50 millions d’euros abondé par des équipementiers (Faurecia, Valeo, Bosch, etc.), par le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (Etat, Renault et Peugeot) et par le Fonds stratégique d’investissement (Etat) doit être dévolu aux sous-traitants.

Des guichets uniques de conseil sont également installés en région.

Selon Philippe Portier de la CFDT Métallurgie, “il y a des surcapacités certes mais pas de cette ampleur là, l’emploi dépend avant tout des constructeurs”. “Le coût du travail n’est pas la seule variable, il faut aussi parler transport et qualité”, avance-t-il.

Pour la CGT, “le chiffre annoncé de 50.000 emplois est inacceptable”. “C’est une analyse faite par les constructeurs et pour leurs actionnaires”, estime Michel Ducret de la branche métallurgie, déplorant “une stratégie basée uniquement sur la marge optimum”.

Dominique Chauvin, vice-président de la CFE-CGC Métallurgie, juge que “la restructuration est un état de fait et il faut l’accompagner” car “il y a la crise bien entendu mais aussi un manque de compétitivité dû à de trop petites entreprises qui ont moins d’accès à l’international et moins de capacité d’innovation”.

“On croit à l’avenir de la filière auto en France, conclut-il, mais cela passe par des engagements des constructeurs sur la localisation de la production”.