UE : la Commission “Barroso II” démarre dans une Europe en crise

[09/02/2010 15:08:31] STRASBOURG, Parlement européen (AFP)

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso à Strasbourg le 9 février 2010 (Photo : Georges Gobet)

Le Parlement européen doit accorder sa confiance mardi, après trois mois de flottement, à la nouvelle Commission européenne de José Manuel Barroso qui va devoir s’atteler sans tarder à relancer la croissance économique.

Le vote en début d’après-midi s’annonce sans surprise: malgré les réserves de quelques eurodéputés, l’équipe “Barroso II” devrait être adoubée.

Après plusieurs mois de gestion des affaires courantes, en raison du retard dans l’application du traité de Lisbonne puis de la démission en janvier de la candidate bulgare à l’exécutif européen, elle devra en priorité s’atteler à relancer la croissance européenne en berne.

“Notre situation économique et sociale exige un changement radical”, a affirmé mardi devant les eurodéputés M. Barroso, qui entame son deuxième mandat de cinq ans.

Souvent mis en cause lors du premier mandat pour son immobilisme, le Portugais s’est voulu volontariste. Il a promis des “mesures à court terme pour remettre l’Europe au travail” et promouvoir la croissance et emploi.

M. Barroso a admis les problèmes actuels de l’Europe. Elle ne compte “pas encore” autant qu’elle le devrait dans le monde, a-t-il dit, insistant sur le besoin de parler “avec une seule voix”.

En particulier, “si nous voulons renforcer notre base industrielle (…) il faut une coordination économique plus forte”, a-t-il estimé, alors que l’idée d’un “gouvernement économique” fait son chemin. Elle sera au centre d’un sommet des dirigeants européens jeudi à Bruxelles.

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso et Catherine Ashton, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères à Strasbourg le 9 février 2010? (Photo : Georges Gobet)

Reste à voir si la nouvelle équipe de M. Barroso, très critiquée dans le passé pour avoir tardé à réagir face à la crise financière, saura relever le défi.

La vice-présidente de la Commission, la Britannique Catherine Ashton, Haute représentante pour les Affaires étrangères et supposée “voix de l’Europe”, est déjà sur la sellette pour son effacement après le séisme en Haïti. En privé, les Français lui reprochent en outre de ne pas maîtriser la langue de Molière.

A son image beaucoup de membres de l’équipe “Barroso II” doivent encore convaincre.

Lors de leurs examens de passage en janvier devant le Parlement, “j’ai eu l’impression que c’était l’ordre des trappistes” et “que l’abbé José Manuel a dit à ses novices: ne dites rien plutôt que de dire des bêtises”, a raillé mardi le chef de file des eurodéputés socialistes, l’allemand Martin Schulz.

Enfin, la Commission risque d’avoir du mal à s’affirmer face aux Etats et au nouveau président de l’UE Herman Van Rompuy, qui a commencé à imprimer sa marque en convoquant pour jeudi le sommet sur la crise.

Le président du groupe libéral du Parlement, Guy Verhofstadt, a réclamé “des projets ambitieux” et “que cette nouvelle Commission soit le moteur de l’UE, ce qui n’a pas été le cas ces cinq dernières années”.

“N’écoutez pas trop les Etats”, a-t-il conseillé à M. Barroso, accusé par ses détracteurs d’avoir l’échine trop souple face à Nicolas Sarkozy ou Angela Merkel, et alors que se profile à partir de 2011 une rude bataille sur le futur budget de l’UE.

Même constat du chef de file des conservateurs, le français Joseph Daul. Il souhaite lui aussi “une action énergique”, car “la voix européenne n’a pas été à ce stade à la hauteur de nos espérances”.

“Il faut que l’Europe soit forte pour éviter un monde bipolaire”, lui a fait écho Martin Schulz.

“S’il y a renationalisation (de l’UE) plutôt qu’un projet européen ambitieux, c’est la même chose qu’à Copenhague (sur le climat): les décisions sont prises par Barack Obama et Hu Jintao”, les présidents américain et chinois, a-t-il mis en garde.