“Comment faire pour travailler plus longtemps”, se demandent les seniors

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érouville-saint-Clair, le 24 avril 2008 (Photo : Mychele Daniau)

[11/02/2010 19:15:40] PARIS (AFP) “Comment faire, s’interroge Catherine L., 54 ans, ex-directrice de communication licenciée, à la recherche d’un nouveau travail au Forum emploi seniors jeudi à Paris. Même si vous êtes prêts à baisser votre salaire de manière significative, ça fait peur aux employeurs”.

“Parfois, j’ai un profil qui correspond parfaitement à l’annonce, vraiment cloné, mais avec 20 à 25 ans d’expérience, vous passez pas”, constate cette cadre supérieure, à la tenue soignée, qui multiplie les démarches depuis “bientôt deux ans”, envisage de “se repositionner dans le bio”, court les banques et se demande comment, sans conjoint, elle aura une retraite.

“Comment peut-on travailler plus longtemps sachant qu’à partir de 45 ans, on est considéré senior ? Il va falloir trouver 20 ans d’activité qui soit autre chose que du RSA ou du travail à la petite semaine”, dit-elle.

Dans les allées du Forum, organisé pour la deuxième année consécutive par le Medef Ile-de-France à La Villette, dans un cadre évoquant plus l’univers de l’entreprise qu’un bureau de placement, les files d’attente se forment.

La tempe grisonnante, dissimulant leur inquiétude sous l’assurance du parfait professionnel, on dirait des salariés lambdas attendant le train pour se rendre au travail.

Jean-Luc, 48 ans, ex-cadre informatique dans la finance, qui émargeait à 50.000 euros nets jusqu’en mai 2009, a dû “dégager” par “rupture conventionnelle”. “Pas le choix, dit-il. C’est une purge par le salaire qu’ils font”.

Alimat C., 57 ans, un autre informaticien originaire de l’Essonne, n’a plus d’indemnisation chômage depuis un mois. Les 900 euros mensuels de son épouse et 450 euros d’allocation spécifique de l’Etat sont insuffisants pour couvrir le loyer et les besoins de cinq enfants. “Je puise dans mes économies mais si le chômage, ça dure trop longtemps, il va falloir que je me reconvertisse dans l’illégal… Enfin, je dis pas ça sérieusement, c’est la nervosité”, dit-il.

Trois mille offres d’emploi sont annoncées par les entreprises participantes: vente de fenêtres, banque, assurance. Même la restauration rapide, McDonald’s et KFC, plus connue pour la jeunesse de leurs équipiers, est là.

Une conseillère Pôle Emploi aide une secrétaire administrative, 57 ans, à refaire son curriculum vitae. “Vous allez jusqu’où en comptabilité”, interroge-t-elle, tandis qu’un ingénieur agricole tente d’expliquer au secrétaire d’Etat à l’Emploi Laurent Wauquiez, venu inaugurer le salon, les difficultés qu’il a à faire financer les 2.000 euros de son deuxième module de formation en développement durable.

Christian a 54 ans, presque 20 ans de plus que le ministre. Il a perdu son travail mi-novembre pour cause de “réorganisation”, résume-t-il sobrement.

“Voilà, ça c’est mes bulletins de paye, mon certificat de travail, excusez moi”, supplie un sexagénaire. Sur le CV qu’il tend au ministre, à côté du nom de famille B.O. et du prénom Hedi, figure la mention fatale: 57 ans.

“J’ai même plus de droits, car ma femme est fonctionnaire. J’ai mes 160 trimestres et je peux pas partir en retraite. La seule solution qui me reste, c’est de me jeter dans le métro car j’ai trois enfants qui ont encore besoin de moi, ne serait-ce qu’une année”, ajoute-t-il.

“Je suis prêt à prendre n’importe quel salaire, même balayeur, même au tiers de mon salaire”, implore-t-il, enjoignant le gouvernement de rétablir l’allocation équivalent retraite qui lui permettrait de tenir jusqu’à 60 ans.